mercredi 11 juillet 2012

 
Alaska - Portage Glacier & Whittier

Pour les dix kilomètres restants du lendemain, j'en profite pour aller faire un petit détour du côté de Portage Lake et les glaciers environnants. C'est beau. On voit les reflets bleus de la glace et j'ai droit à mes premiers icebergs.




Après ça, il me reste à passer un tunnel interdit aux vélos. C'est le seul moyen d'accès à Whittier, autre que par mer. Mes potes de Denali m'avaient également dit que c'était faisable à vélo car l'auto-stop marche très bien et qu'ils n'avaient pas dû attendre bien longtemps avant que quelqu'un les embarque. Je me présente donc au guichettier pour lui demander à quel endroit je peux faire du stop. Il me demande de me mettre sur le côté et appelle un responsable pour avoir l'info. Le gars derrière moi, dans un gros pick-up qui remorque un bateau, entend la conversation et dit au type qu'il veut bien me prendre. Et voilà! Même pas eu besoin de faire du stop ni d'attendre. C'est génial à quel point les gens sont sympas.

Arrivé à Whittier, la ville est comme beaucoup de ports: triste, moche et sans grand intérêt. De plus, en passant de l'autre côté des montagnes, on se retrouve du côté des nuages et de la pluie. Le Californien l'avait rebaptisée Shittier. Je comprends assez pourquoi. Ca change radicalement de ce que j'ai eu hier. Après avoir acheté mon billet de ferry pour le lendemain, je profite de l'après-midi pour faire une petite randonnée en laissant mon vélo caché au début du sentier, dans un endroit peinard où, finalement je camperai en fin de journée. Cette fois, la douche se fera à la gourde.

Le sentier traverse la forêt pour monter au-dessus de la ville. Certains passages sont envahis par d'énormes tas de neige compressée qui n'a pas encore fondu. J'escalade, je glisse, je me plante, et finalement me retrouve tout en haut où je reste admirer le paysage pendant une bonne heure sans rien faire. Juste tout surplomber et regarder les bateaux, la neige, les glaciers, les nuages. C'est bon.




Pendant la grimpette, je m'étais fait une réflexion à propos des ours. Jusqu'ici, j'avais toujours appliqué les règles de prévention mais sans trop me rendre compte du bazar. Il faut dire que chez nous, on ne nous a jamais appris à faire attention aux bêtes sauvages. Très peu de risques qu'une taupe enragée nous saute à la gorge. Et donc, le "faites attention aux ours" restait malgré tout assez mythique. Jusqu'à maintenant... Je prends soudain conscience que je suis seul dans la forêt et les buissons. Tout de suite, je repense à tous ces trucs d'ours et j'ai une boule dans le ventre. Je regarde le sentier tourner derrière les buissons et ça fait beaucoup plus réaliste. Et s'il y avait une grosse gueule là-derrière? J'arrête? Je redescends? Non, je vais continuer en appliquant la règle de base en randonnée: faire du bruit, que l'ours sache qu'on est là et ne soit pas surpris. Me voilà donc reparti, arpentant mon sentier en chantant bien fort comme un débile. Au début, c'est difficile, randonnée étant tout de même associée à tranquillité, on écoute les oiseaux, la nature et tout ça. Alors, se retrouver à s'égosiller comme un goret, ça perturbe et entâche un peu le concept. Mais bon, si ça peut éviter de se retrouver à servir de chewing-gum à Baloo... Ceci dit, je ne crains pas grand chose, l'ours n'étant pas présent dans les environs. L'endroit est trop isolé par les montagnes. A moins qu'il ne fasse du stop comme moi pour prendre le tunnel, très peu de chances d'en voir ici. Mais bon, restons prudent, les probabilités sont toujours plus élevées que sur ma terrasse à Saint-Josse.


Aujourd'hui, embarquement pour une traversée du Golfe d'Alaska de deux jours, destination Juneau, la capitale. On sera alors le 4 juillet, jour d'indépendance. J'espère qu'il y aura des animations et la fête, et que je verrai des baleines pendant la traversée. Plein de choses! Le check-in est à 8h45 et je me présente pile à l'heure après être sorti de ma forêt. Mais les bureaux n'ouvrent qu'à 9h. C'est quoi ce truc? Dès l'ouverture, je me présente donc au comptoir, mais la fille, me reconnaissant, me dit que je ne dois pas me présenter avant 8h45. Je reste planté devant elle, ne bitant rien à ce qui se passe. Je regarde l'horloge: 9h10. Ai-je fait un saut dans une dimension parallèle? Où est Marcel Béliveau? Ah oui, il est mort. Elle voit bien à mon regard de merlan frit que je ne capte rien et me réexplique gentiment l'histoire. "J'ai imprimé hier votre ticket avec l'heure." "Mais il est passé 9h", osé-je timidement en pointant l'horloge du doigt. "8h45 PM, ce soir." La douche froide! J'avais complètement oublié cette histoire de AM et PM, moi. Et mes deux semaines en brousse ne m'ont pas aidé. Je regarde mon ticket. En effet, il y a un PM juste à côté... Je me fais un peu l'effet du Jean-Claude Dus à la gare: "Je suis pas fou, c'est écrit St-Lazare! C'est mes yeux ou quoi?" "Je crois que ça doit être vos yeux." "Ah ouais, c'est mes yeux." Bon, il vaut mieux dans ce sens-là, le prochain bateau est dans deux semaines. Je me confonds en excuses, lui expliquant que je viens de Mars, et je m'en vais honteux. OK, me voilà condamné à attendre 12h. Les nuages se sont abaissés à 100 m, pas moyen d'aller faire une randonnée en altitude. Et il n'y a rien dans ce bled. Si j'aurais su, je m'aurais levé plus tard! Lecture et musique, c'est parti!

5 commentaires:

  1. Tient ! Je suis curieuse ! Tu as chanté quoi, pour faire peur aux ours ? :D

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    1. Tu ne devineras jamais. :) Rien à voir avec le metal hurlant, ni avec du rock n' roll wild rebel les cheveux dans le vent. Non... Je chantais du a-ha :)
      Pépé love

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  2. Hihihi, j'adore ta blague de probabilité sur ta terrasse :)))))

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