mercredi 6 mars 2013


Mexique - Chez les Mayas du Yucatán

¡Olá muchachos! Après une bonne quinzaine d'heures d'avion, je pose le pied sur le sol mexicain dans la péninsule du Yucatán. Ca y est, le voyage a repris, à moi les Mayas! Il fait chaud et humide, pas de doute, je suis de retour sous les tropiques. Suite à mes derniers passages de frontières asiatiques qui avaient été plutôt pénibles, voire carrément désagréables à coups de visas aux prix basés sur la longueur de ma barbe, de corruption et de mecs qui tirent la tronchent en guise de bienvenue chez eux, je me prépare déjà mentalement à encaisser une éventuelle attitude hautaine des douaniers et à me plier à leur rituel sans moufeter. Mais je suis très vite rappelé à l'ordre car le passage à l'immigration se fait dans la meilleure humeur qui soit. Tout le monde sourit, dit bonjour, fait des blagues, et le douanier qui s'occupe de mon passeport m'octroie 180 jours de séjour sans broncher ni se départir de son sourire. Que c'est agréable! Parfait, ça commence sous les meilleurs auspices. Le temps de sortir de l'aéroport, il s'est mis à pleuvoir à seaux. Ca ne rigole pas. Le soleil est déjà en train de se coucher, mais la température avoisine toujours les 30 °C. Avec mes grosses godasses et mon pantalon en provenance directe d'une Belgique hivernale, autant dire que le temps d'attendre le bus pour me rendre dans le centre de Cancún et je sue comme un porc. Une fois assis dans le bus, je succombe. Cela fait pas loin de 24h que je suis debout sans avoir pu dormir dans l'avion et je commence à le sentir. Arrivé au terminal, je me mets sans tarder à la recherche de mon hôtel, toujours sous la pluie. Ma première impression de Cancún, et qui sera certainement la dernière, correspond parfaitement à ce qu'on m'en a dit: c'est pouilleux et dégueulasse. Cette ville a été construite autour des hôtels cinq étoiles de la côte pour Américains friqués et le centre dans lequel je me trouve est juste crado et malsain avec son système d'évacuation des eaux ultra performant qui, à la moindre pluie, transforme les routes en piscine. Je trouve une petite auberge un peu puante et trop chère, mais suis trop crevé pour aller voir ailleurs. Après finalement 26h sans dormir (et le plus dur, sans alcool pour me tenir éveillé), je m'écroule.

Le jour se lève sur Cancún. Il fait chaud, plein soleil, et les 5 cm de flotte qui baignaient la route hier soir se sont évaporés. C'est l'avantage de ce climat. Ceci dit, cette même flotte se retrouve maintenant dans l'atmosphère et j'ai l'impression d'être dans un hammam. Mais je suis ravi de retrouver cette ambiance tropicale et c'est un peu cela qui me confirme que mon voyage a bien repris. Je me suis bien reposé, j'ai la pêche et soif de découvertes. J'ai envie de faire des entrechats mais avec mon gros sac sur le dos et mes slaches aux pieds, j'évite. Je me dirige sans détour vers le terminal des bus car même si le soleil égaie un peu la ville, le constat reste le même: ici, c'est pourri. Objectif de la journée: partir d'ici. Où? N'importe où et vite. Comme à mon habitude, je n'ai bien entendu rien préparé et n'ai aucune idée d'où aller. Je regarde la carte et découvre Valladolid à 3 ou 4 heures de car. Je lis que la ville est agréable et encore assez peu fréquentée. De plus, elle est bien située par rapport à des sites archéologiques. Parfait. Go! Ah! cette liberté.

Après 4h de car bien confortable, j'arrive à Valladolid. Ravissement total! Je suis ici dans une petite ville carrément mexicaine, une vraie: petites maisons de couleur, monuments coloniaux, ambiance relax, gens peinards et tranquilles. Il ne leur manque que le sombrero et le portrait est parfait. Quel changement par rapport à Cancún. Je me trouve une auberge super sympa dans laquelle je rencontre un Français, Patxi. C'est également un voyageur au long cours et le feeling passe immédiatement. On part ainsi faire ensemble un petit tour de la ville en partageant nos expériences. Très vite, on est arrêté par le bruit d'une fête qui bat son plein dans un petit café. L'ambiance a l'air du tonnerre, on rentre. Il est 17h et tout le monde est déglingué, fêtant les 50 ans d'une dame. Elle est là avec ses sœurs et leur mère, en train de chanter, danser et se pochetronner à coups de tequila sur fond de musique jouée par un guitariste et un accordéoniste. Patxi et moi sommes sur la même longueur d'onde, on se mêle aux fêtards et on boit des bières en riant et en papotant avec les locaux. Un grand moment. Bienvenue au Mexique.




Le jour suivant, le temps est complètement couvert et ça tombe bien car avec le décalage horaire dans les lattes, j'ai le tonus d'une huître et juste l'envie de ne rien faire. J'en profite pour faire en compagnie de Patxi un petit tour de la ville en commençant par le marché et en terminant par un cénote. C'est un trou parfois très profond rempli d'eau douce qui fait office de puits naturel. Le sol du Yucatán en est criblé tel un véritable Gruyère et certains sont ouverts à la nage.

Cenote Zaci

J'avais au départ pensé passer deux jours à Valladolid, mais je m'y sens tellement bien que je décide d'emblée d'y rester plus longtemps. De plus, deux sites mayas sont à proximité, ce qui en fait un excellent point de départ pour aller les visiter. Patxi a plus ou moins le même programme que moi, on va donc a priori passer plusieurs jours ensemble.

Le lendemain, il fait toujours aussi couvert, il y a beaucoup de vent et la température a pas mal baissé. Aux dires des locaux, il fait froid et dégueulasse. Pour nous, il fait impeccable, 25 °C et un vent chaud. On part se promener dans une autre partie de la ville très agréable et colorée où on se fait alpaguer en rue pour visiter un musée du chocolat. On y goûte divers arômes: anis, chili, gingembre, poivre et miel et encore d'autres.







La suite de notre promenade nous mène jusqu'au monastère de San Bernardino. Il n'y a personne, c'est calme et on en profite.





De retour vers notre auberge, j'avise un taxi et pars demander par curiosité au gars le prix pour aller à Ek' Balam, site archéologique à 30 km d'ici. Une fille est déjà là, prête à poser la même question que moi et le type nous propose de nous y emmener tous les trois sur-le-champ pour le prix normalement appliqué à quatre personnes. On est en fin de matinée et il a besoin de clients. L'occasion est belle, je regarde Patxi. Chaud? Chaud boulette. On embarque et c'est parti. Imprévu et improvisation. J'adore. Le site d'Ek' Balam est très peu fréquenté, c'est pourquoi aucun transport en commun n'est organisé pour s'y rendre. Et pour ma première visite de cité maya, la perspective de ne pas être noyé parmi les hordes de touristes m'enchante.

Ek' Balam

Les ruines sont dissimulées dans la forêt et c'est tout simplement magique. On grimpe en haut de ce qu'il reste de la grande pyramide par un escalier raide et on s'y assoit pendant une heure et demie pour papoter et rire, les ruines de la cité à nos pieds. La vue est superbe, la forêt s'étendant à perte de vue à 360 °, laissant juste émerger cette cité devant nous. Pour une première, je suis ravi. Dépucelage réussi. Après le chocolat au gingembre de ce matin, c'eût été dommage.







Dans les environs, il y a aussi Chichén Itzá, un des sites les plus renommés et visités du Mexique. De retour à l'auberge, je demande leur avis à ceux qui viennent d'y aller. Ils sont unanimes, c'est super mais blindé de monde et il y a des vendeurs de babioles qui font chier à tous les coins de pyramides. Ca me met un bon coup dans la motivation et j'hésite sérieusement à y aller car j'ai eu ma dose de harcèlement au Vietnam et ne suis pas pressé de renouveler l'expérience. En même temps, ce serait bête de ne pas y aller. Se faire le Yucatán sans passer par Chichén Itzá, c'est un peu comme le gars qui vient visiter la Belgique sans goûter la Duvel. On touche au sensible et ça fâche. C'est donc décidé, j'irai demain quoi qu'il advienne.

Je me lève aux petites heures afin d'être sur le site dans les premiers et ainsi mettre le plus de chances de mon côté. Je pars seul, mon nouveau pote préférant garder cette visite pour plus tard et faire la grasse matinée. J'embarque dans un mini-van rempli de locaux pour une heure de route bercé par les te quiero du Barzotti du coin qui déclare sa flamme à s'en faire péter les cordes vocales. C'est étrange, cette impression de déjà vécu au Cambodge... Rappelez-vous ceci. Différences culturelles, mon œil!

Chichén Itzá

Il est 9h et me voilà à présent livré à moi-même sur le parking de Chichén Itzá, prêt à affronter la foule et les emmerdeurs. Je respire profondément afin de m'armer de zénitude et me dirige vers l'entrée en regardant autour de moi. Etrange... Il y a à peine une douzaine de voitures garées. Je cherche ensuite la file afin d'acheter mon ticket d'entrée, mais je ne vois rien, si bien que je détecte à peine le guichet en passant devant. Je prends mon ticket, seul. Pas de file. Personne. Je suis perplexe et commence sérieusement à me demander si je suis au bon endroit. Je continue ma progression et entre sur le site proprement dit. Les vendeurs sont en train d'arranger leurs étals et ne notent même pas ma présence, tout à leur affaire. Puis, subitement, devant moi se dresse la pyramide de Kukulcán, imposante et superbe. Je n'en crois pas mes yeux, il y a peine cent personnes disséminées sur la plaine. Deux d'entre elles, oui seulement deux, posent devant la pyramide pour une photo. J'attends deux minutes pour qu'elles s'en aillent et me voilà pour ainsi dire seul face au magnifique édifice pendant plus de dix minutes avec tout le loisir de prendre des photos. C'est officiel, les dieux du voyage sont de retour avec moi. Je m'en fous plein les mirettes, c'est magique. Un rêve devenu réalité. Encore un! Je suis heureux.



Je passe au total une heure et demie à parcourir les différentes ruines de la cité maya, bien tranquille et sans croiser personne ni me faire aborder par un seul vendeur, tous toujours occupés à installer leurs brols en prévision de l'assaut touristique à venir. Le pied!







 



Terrain de pelote
Pile au moment où j'ai terminé ma visite et me dirige vers la sortie, je croise des nuées de visiteurs que les cars viennent de déverser. C'est également le moment où les vendeurs commencent à s'activer et me barrent la chemin en brandissant leurs bibelots. Merci, je m'en vais. C'est un monde parfait.

De retour à l'auberge, je suis plein d'énergie tellement je suis satisfait de ma visite. On décide avec Patxi de louer des vélos et d'aller nous baigner dans un cénote en dehors de la ville en passant par de charmants petits chemins de campagne. Celui-ci fait 67 m de profondeur. C'est immense. Encore une fois, il n'y a personne. On l'a rien que pour nous. L'eau est bonne, séquence relaxation. 







Demain, on reprend la route ensemble, destination Mérida. Quatre jours passés ici, dans une des auberges les plus conviviales que j'ai connues, dans une ville extrêmement agréable et à découvrir des choses merveilleuses. Mais il est à présent temps de partir, j'ai des fourmis dans les jambes. 



6 commentaires:

  1. J'espère que tu t'es bien foutu de leur gueule pour le coup de la fin du monde !

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    1. Ah mais pas besoin! Ils font les blagues eux-mêmes. Au moment où je sors du site, un grand coup de vent retourne un étal et envoie tout voler. Un des gars crie: "Aaaaah c'est la fin du monde!" :D

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  2. Héhé la fourrure, c'est pour bientôt ne t'inquiète pas.
    Très belles photos ceci dit en passant.

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  3. Tes photos sont vraiment superbes mon cher cousin, ça donne envie d'y aller! Il y a tellement de magnifiques endroits à découvrir de par le monde. Profites-en bien! Lorsque je suis allée au Texas, il y a 17 ans avec l’école de papa, j'ai eu l’occasion de traverser la frontière naturelle (le Rio Grande) entre les États-Unis et le Mexique. Ce que j’y ai vu (une infime partie du Mexique) m’a beaucoup plus. Les habitants étaient très accueillants, très chaleureux.
    Je pense à toi, bises

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  4. Salut Ne,
    Heureux de te voir à nouveau au coeur de l'action, même si c'est pour recommencer à nous faire baver... Après l'entraînement du Népal, tu as dû grimper Chichen Itza au pas de course, chito, chito! Visiblement, tu n'as pas perdu de temps pour te faire aux coutumes locales: E viva tequila boum boum! je me demande ce que cela doit donner avec la Duvel... Si tu passes au Guatemala, pense au marché de Chichicastenango: débauche de couleurs garantie! mais vaut mieux ne pas être bourré pour demander son chemin! :D
    Encore!
    Bises. Ne

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