vendredi 26 octobre 2012


Thaïlande - Changement de monde

Le choc! Arriver à l'aéroport de Bangkok (quel merveilleux nom) en venant de Kathmandu, c'est le choc. Pourquoi? Tout simplement parce que ça sent le propre. Non pas le détergent ou le savon. Non, juste le propre. Je ne pense pas que cela m'aurait autant frappé si j'étais arrivé d'ailleurs, mais mes trois semaines au Népal ont complètement anéanti et remis à zéro tous mes capteurs d'hygiène, et la première bouffée d'air inspirée dans le terminal me ravit. J'avais oublié comment c'était. C'est fou, les capacités d'adaptation du corps humain. Le sol brille, les toilettes blinquent. On mangerait à terre.

Passage au contrôle des passeports pour l'obtention de mon permis de séjour de 30 jours. En tant que Belge, j'y ai théoriquement droit sur simple présentation d'un billet de retour que je n'ai bien entendu pas. J'ai donc prévu le coup en imprimant une pré-réservation de train vers le Laos pour "prouver" que j'ai bien l'intention de quitter le pays, mais l'officier ne me pose aucune question, le passeport européen fait visiblement office de passe-partout. Parfait! Bienvenue en Thaïlande.

Je sors de l'aéroport et là, deuxième claque: la température et l'humidité. Non seulement il fait très chaud, mais l'atmosphère est complètement détrempée. On est en fin de mousson et les cultures sont toujours inondées. Je prends un taxi qui m'amène à l'hôtel où la chambre qui m'accueille est super propre mais surtout une étuve. Je suis trempé, je goutte, mais ça ne m'empêche pas de m'endormir tellement je suis claqué. Les draps sont blancs et propres. Que c'est bon.

Demain, je reprends l'avion vers les îles. J'ai en effet décidé avant mon départ du Népal de changer en dernière minute la suite de mes plans qui étaient de partir directement de Bangkok à vélo vers les montagnes du nord pour rejoindre le Laos. Mais durant les derniers jours à Kathmandu, j'ai attrapé un gros cathar qui m'a bien affaibli et après ces 12 jours de trek enchaînés sur mes 3 mois à vélo, j'ai besoin de repos et de me retaper avant de reprendre la route sur ma bicyclette. J'aimerais pouvoir continuer mon aventure, mais il est indispensable que je me refasse une santé avant d'aller plus loin. Décision difficile mais nécessaire. Je vais donc aller me la couler douce dans les îles pendant 5 jours, à Koh Samui que j'ai choisie sur les conseils avisés de ma consultante en Thaïlande attitrée.

Koh Samui

Départ donc pour Koh Samui. Je récupère mon vélo à la consigne de l'aéroport où je l'ai laissé hier pour la modique somme de 100 baht (2,5 euros). J'ai cru que j'avais mal lu. Ensuite, je dois à nouveau peser mon vélo, mais cette fois, aux tarifs thaïs, je m'en sors avec 27 euros. Ca, c'est bien!

L'aéroport de Koh Samui ne compte pas de bâtiment, juste quelques pagodes. Super mignon et très peinard. Je me rends à Fishermen Village sur Bophut Beach où je vais séjourner quelque temps. Mon hôtel est petit, sympa, joli, propre et retiré. Ici, les gros mois pluvieux sont octobre et novembre. Je suis en plein dedans. Le ciel est très chargé, il douche pas mal, ce qui implique qu'il y a très peu de touristes. Les restos et bars sont presque vides. Je voulais de la tranquillité, je l'ai et la pluie me dissuade d'en faire trop. Repos forcé. Sous une température constante avoisinant les 30 °C, ça reste agréable même lorsqu'il drache. Mais j'espère tout de même que le temps va parfois un peu s'éclaircir afin de me permettre de profiter des lieux et des couleurs idylliques, qui pour le moment sont plutôt tristounettes. Me voilà assigné à résidence.




Après deux longues journées d'inactivité imposées par la pluie presque incessante et qui feraient pâlir d'envie un chômeur longue durée, le soleil et le ciel se montrent enfin. Ca fait du bien car, bien que ce soit ce dont j'avais besoin pour récupérer, l'inactivité commençait à me miner. Rester seul cloîtré à ne rien pouvoir faire, c'est dur. Au moins maintenant je vais pouvoir faire un tour dans les environs et voir ces paysages sous les couleurs qu'on en attend. Le moment est donc venu de sortir mon vélo de sa caisse et de le remettre en état. Ton hibernation a pris fin, mon coco.

Je pars ainsi faire un tour pépère le long des plages avoisinantes. Je suis le seul à vélo, tout le monde roule à scooter ici. Sur le chemin, je m'arrête à un endroit de culte où trône en hauteur un immense Bouddha doré. C'est comique et carrément kitsch. On dirait un jouet, d'autant plus qu'il arbore un petit sourire un peu béat, un peu à la Playmobil. 





Plus tard, j'arrive sur la plage réputée la plus belle de l'île. Pas de doute, le soleil est bien là et éclaire la mer de ses rayons, faisant ressortir les tons turquoise et émeraude de l'eau. Avec le sable blanc, c'est superbe. C'est la première fois que je vois des paysages pareils. Malheureusement, qui dit plus belle plage, dit plus touristique. Je me rends compte que j'ai en effet bien choisi sans le savoir mon petit village retiré car ici dès qu'on s'éloigne de la plage, ce n'est que clubs de vacances, hôtels et restos "Hier sprechen wir Deutsch!" Assez peu pittoresque. D'ailleurs, heureusement que c'est la basse saison car j'imagine l'horreur que doit être cette magnifique plage recouverte de gens qui font la crêpe. Il y a donc actuellement très peu de monde mais je suis toutefois étonné de voir le nombre d'Occidentaux. Vraiment beaucoup.




Après avoir avalé de délicieuses nouilles aux fruits de mer, je me laisse tenter par un fameux massage thaï. Plusieurs petits huttes sont installées directement sur la plage et de jolies poupées souriantes alpaguent le chaland en criant "Thaï massaaaaaaage?" Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre mais la réputation qu'ils ont est suffisante pour titiller ma curiosité et je me lance. 

"You not sleep? You not cool?" Euh... Je crois que si, mais là, tu es en train de me marcher dessus, ma jolie. Et ainsi, la demoiselle, au passage très mignonne, se promène sur moi des pieds aux épaules. C'est étrangement à la fois un peu douloureux et détendant. Très agréable. Elle me fait également craquer les vertèbres, le bassin, les orteils, les mains et les doigts. Elle me retourne dans tous les sens comme un pantin et crac! Mais le meilleur reste à venir. Enfin quelqu'un capable de masser suffisamment fort mes jambes pour que je le sente. Quelle force dans les mains! Elle triture mes cuisses et mes mollets avec une aisance remarquable. Gros muscles ou pas, rien ne lui résiste. Ca fait même parfois mal, mais elle s'arrête à la limite où la douleur est supportable. Tiens, un coup de poing dans la cuisse, une claque sur les oreilles et une fessée. C'est très surprenant et à chaque fois qu'elle fait un truc de ce genre, j'ai envie de rire mais j'en sens immédiatement le bénéfice. La séance dure pas moins d'une heure et j'en sors complètement détendu et relâché. Mieux que l'ostéo! Une vraie pro! Et je pense qu'elle doit avoir d'autres champs d'activité un peu plus sensuels auxquels elle a tenté de me joindre. Mais bien entendu, je n'ai pas saisi où elle voulait en venir, répondant naïvement à ses questions qui tournaient autour des jolies filles comme elle et ainsi de suite. Pas facile de garder les idées claires quand une poupée te fixe avec insistance dans les yeux tout en te tordant la cheville. Ce n'est que quand j'ai cru comprendre et qu'elle a vu l'illumination dans mes yeux qu'elle a bien capté que je débarquais de ma planète. Elle a eu un geste et un regard qui voulaient dire: "C'est pas grave, laisse tomber."  Du côté du gars qui se faisait masser juste à côté de moi, ça causait plutôt ladyboy, c'est ce qui m'a mis sur la voie. Pépé subtilité.






Ce soir, c'est marché dans ma rue et c'est avec joie que je constate qu'il y a plein de Thaïs qui l'arpentent. Ce n'est donc pas juste un truc à touristes. Je me jette dans la foule où je suis très vite attiré par les stands bouffe. Je n'ai pas encore faim mais ce festival d'odeurs et de couleurs est un régal pour les yeux et les narines et a vite fait de me mettre l'eau à la bouche. Dans mon esprit, les choses sont claires: essayer le plus de trucs improbables possible. J'achète pas moins de quatre mets différents sans avoir le moindre soupçon d'idée si c'est une pâtisserie, une confiserie ou un plat. Je suis comblé. L'aventure culinaire commence et j'attaque mes trésors. Au goût, à part les gâteaux de poisson au curry, il m'est toujours impossible de deviner ce que je mâche. Il y a des trucs qui ressemblent à des patates (mais si ça tombe, ce sont des fruits) avec du sucre et des graines jaunes. Un autre a l'air d'être de la banane avec de la noix de coco. Et le dernier truc, que j'ai réussi à me faire expliquer à l'hôtel, est de la gélatine de riz avec de la coco et du maïs. Tous ces mets sont très différents les uns des autres tout en ayant un point commun: ils sont succulents. Et les friandises sucrées ne sont même pas écœurantes. Je suis complètement repu et heureux de ces découvertes. Et j'en connais une qui doit baver en lisant tout ça...



5 commentaires:

  1. Miam!! La fete de la bouffe va commencer!! Regale-toi des plats, et des paysages! Bienvenue en Thailande brozi!

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  2. Le massage: avant ou après la bouffe? Avant ou après la plongée? Après l'Himalaya, voici Blankenberge! Stone Border va ramollir! Vite un petit trek! Bizz

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  3. Epic ton aventure Grand Pa ;-)
    Ca te fera un bon entrainement pour le Sweden Rock 2013 (Kiss et Threshold à l'affiche).

    Tu m'as donné envie d'essayer un massage thaî...

    Pour info, ma petite princesse est née mardi dernier, on fête ça à ton retour en 2013 avec une bonne Duvel !

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    1. Génial! :)
      Félicitations! Bois-en déjà une à sa santé. Mais j'imagine que c'est déjà fait... ;)
      C'est quelle partie du massage thaï qui t'a plu?

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  4. "Tiens, un coup de poing dans la cuisse, une claque sur les oreilles et une fessée."

    J'aurais bien voulu voir ta tête ! :-))

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