mardi 28 août 2012

 
Montana - Big Sky Country

Je reprends mon petit bonhomme de chemin plein sud sous le soleil qui est de retour. Le ciel est à nouveau bleu et je comprends pourquoi on appelle le Montana Big Sky Country. Les montagnes d'ici sont très vieilles et érodées, les vallées sont donc larges et très étendues, ce qui offre une vue sans limite sous un ciel gigantesque. La nuit, l'état continue d'honorer son surnom en déployant un des ciels les plus étoilés que j'aie jamais vus.

Le pays que je traverse est décidément de plus en plus désertique et j'aime beaucoup ça. Sur certaines portions, les champs immenses de blé s'imposent, mais le reste du temps, c'est l'aridité qui règne implacablement. Des cadavres d'animaux ajoutent à l'ambiance morbide du désert en jalonnant ma route régulièrement. Mais bon, tout va bien, je n'ai pas encore vu de vautours tourner au-dessus de moi avec la goutte au bec.

 


antilocapres ou pronghorn
N'ayant plus à craindre des ours dans ces régions-ci, je me pose tout de même la question de savoir s'il n'y a pas d'autres animaux dont je dois me méfier. Je vois beaucoup d'antilocapres, pas seulement mortes mais aussi bien vivantes et bondissant partout, mais du moment qu'elles ne me rentrent pas dedans en traversant la route, tout va bien. Des serpents? Des scorpions? J'ai très vite ma réponse...

Alors que je me suis arrêté le long de la rivière Jefferson pour camper sauvage dans des hautes herbes à l'abri des regards, j'évite de peu, immobile juste devant moi, un crotale. Je venais justement de me laver dans la rivière en me demandant encore de quel type de bête je devais éventuellement me méfier, quand je tombe nez-à-nez avec lui. Ma première rencontre. Ca fout les jetons. Du coup, pour aller planter ma tente dans les hautes herbes, je suis beaucoup moins à l'aise. Ceci dit, je suis aussi bien content d'être au courant que je dois faire gaffe où je mets les pieds. Me voilà donc en train d'avancer à grands pas bruyants et battant l'herbe autour de moi, les yeux rivés au sol. Avec l'ambiance de savane que ces herbes créent, je ne peux m'empêcher de jeter régulièrement un œil derrière moi en plantant ma tente, au cas où un lion se pointerait. Mais non, là ce sont mes nerfs et mon imagination qui commencent à me jouer des tours. Restons relax.

La température chute très vite une fois que le soleil se couche. C'est assez impressionnant quand on compare avec la chaleur torride de la journée. Je dois même habituellement ajouter une couche de vêtements sur le coup de 18h car il fait alors carrément froid. Il faut dire que le paysage me fait oublier que je me trouve à plus de 1500 m d'altitude. Je m'installe donc confortablement dans mon sac de couchage en sentant le froid tomber et c'est là que j'entends un coyote japper au loin. Bon... Une bonne nuit!



J'ai n'ai finalement eu la visite d'aucune bête assoiffée de sang pendant la nuit, même si j'ai parfois sursauté en entendant quelque chose marcher près de moi, et je sors de ma tente pour me trouver nez-à-nez avec la cause de mes terreurs nocturnes: deux espèces de jeunes et inoffensifs cerfs aux grandes oreilles (mule deer). Ca fait tout de suite moins peur quand on y voit clair et on se sent un peu ridicule. Je replie tout mon barda en faisant toujours attention à ce qui pourrait ramper au sol et je reprends la route.

J'approche du Wyoming et du Yellowstone, dont je vois déjà les indications. Ca devrait être pour dans deux jours. En attendant, je me rapproche de plus en plus des montagnes tout en continuant à évoluer dans des étendues désertiques en traversant de minuscules bleds.






Et puis tout d'un coup, comme d'habitude, après une bifurcation et une demi-heure de grimpette, je me retrouve à nouveau en montagne, entouré d'arbres, d'herbe verte, d'insectes avides de sang et de mises en garde contre les ours. Fini le désert, retour à la verdure. J'aime ces changements qui ponctuent mon avancée, faisant ainsi de chaque région une partie bien distincte.



Je passe près du Quake Lake qui fut créé en 1954 suite à un tremblement de terre qui fit s'écrouler une montagne dans la rivière. Tuant au passage quelques campeurs, le glissement de terrain obstrua la rivière, qui mit plusieurs années pour remplir la cuvette et pouvoir continuer son chemin au-dessus du barrage. Un nouveau lac était né au fond duquel les vestiges du camping reposent. Les arbres morts sortant de l'eau sont les vestiges de la forêt que cet endroit fut autrefois. C'est impressionnant de pouvoir être témoin d'un changement de paysage aussi récent.

3 commentaires:

  1. Ah ah sacré crotale ! Toujours là où on le l'attend pas

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  2. qu'est-ce qui est le plus impressionnant: le crotale ou bien l'anaconda dont tu parlais il y a qques semaines?... En route donc pour le Népal! Super! Avec la condition que tu te payes, tu pourras me porter en cas de petite faiblesse... A très bientôt. bizzz

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