samedi 30 juin 2012

 
Alaska - Denali National Park

Finalement il fait crado le lendemain. Il pleut sans arrêt et les nuages sont tellement bas qu'on ne voit plus du tout les montagnes. Le voilà, mon jour de repos. Imposé. Il y a tout ce qu'il faut dans ce camping pour y passer un jour de glande.

Aujourd'hui, le ciel est toujours couvert, mais il fait sec et je suis bien reposé. J'enfourche donc ma monture pour la dernière étape qui me sépare du parc national de Denali. Sur la route, je croise deux cyclistes. Le premier est fou. Complètement. On se parle deux minutes, pas plus, mais il ne m'écoute même pas. Il a l'air complètement coké, il est survolté et plein de tics. Il se tire d'un coup. Ouf! La deuxième rencontre est beaucoup plus sympa. C'est un gars qui a démarré son trip tout au nord, sur les bords de l'Océan Arctique, et traverse le pays jusqu'Anchorage. Un très chouette gars. On papote et on rit sur le bord de la route pendant une demi-heure, puis on reprend chacun notre route. 



Enfin l'arrivée au parc! Après 550 km, 7 jours et un dérailleur, m'y voilà. Une route en graviers de 140 km s'enfonce dans le parc, mais n'est pas accessible aux véhicules privés motorisés afin de préserver le plus possible la nature. Les vélos, par contre, y sont autorisés. Cependant, j'ai envie de changer de formule et décide de m'installer pour deux jours dans le premier camping et de m'inscrire toute la journée de demain dans un bus qui fera le trajet aller-retour avec pour mission l'observation de la vie sauvage. Lors de l'enregistrement à l'entrée du parc, une belle surprise m'attend. Beaucoup de règles régissent ce parc et, bien sûr, il faut payer pour tout. J'explique à la poupée de l'accueil, qui affiche que tous les campings sont pleins, que je voyage à vélo, n'ai aucune réservation et aimerais camper ici et aller dans le parc en bus demain. Pas de problème, il reste des places de camping et elle m'inscrit illico dans un tour pour le lendemain. J'avais lu qu'il fallait pourtant réserver bien à l'avance... Au moment de régler la note, je me rends compte que le prix demandé est dérisoire et comprend seulement les deux nuits de camping. Je lui demande quand je devrai payer l'entrée au parc et le bus et elle me répond en me tendant le ticket du bus : "Ne t'en fais pas pour ça. On apprécie beaucoup les gens qui viennent jusqu'ici à vélo. Pas d'impact sur la nature. C'est cadeau." Waouw! Dans un pôle touristique pareil, où tout est payant, même la douche (qui m'est aussi offerte), c'est tout simplement génial. Tout est tellement fait pour décourager et limiter les véhicules personnels (tarifs, règles, etc), que j'avais eu du mal à comprendre le truc en lisant le guide et je ne savais pas ce que j'allais pouvoir faire. Finalement, on me déroule presque le tapis rouge parce que je traverse le pays à vélo. Ca, c'est motivant! En plus, ça me fait une jolie économie. Pour le coup, je m'offre la Guinness la plus chère de l'univers: 13 dollars.

Je passe la soirée avec mes deux voisins, un père et son fils. Le gars a l'air d'avoir beaucoup de mal à vivre ici et ne comprend pas comment je fais pour pédaler seul là-dedans. Pour la peine, il m'invite à leur table, m'offre un steak grillé au barbecue et sort du whisky canadien. Les Canadiens font certainement plein de choses très bien, mais ils devraient arrêter le whisky. Ils ratent. N'empêche que je me couche quand même un peu caisse, le gars a la main légère et ça fait tout de même plaisir. Chouette soirée! Je me fais aussi un autre petit pote qui essaie de venir chiper ma bouffe. A cet effet justement, il y a des containers blindés prévus dans lesquels on est obligé de stocker toute notre nourriture. Ca ne rigole pas, et les rangers viennent vérifier.




 

 

 

Visite du parc

J'embarque à 9h dans un vieux bus scolaire pour un trajet de 8h dans le parc. La consigne est de crier "Stop!" dès qu'on voit un animal et le chauffeur s'arrête. En parlant d'animaux, ceux qui m'entourent dans le bus valent aussi le déplacement: des vieux à casquette, des gros à casquette, des familles à casquette.

Que de l'Américain très très moyen. Ils sont à Disney Land et applaudissent comme des gosses quand le chauffeur demande: "Vous êtes prêts? Faites connaissance avec votre voisin car nous sommes tous des amis ici." Et merde... Je m'attends presque à ce qu'ils entonnent en choeur une ode à Jésus. Heureusement, en parlant de voisin, je suis encore une fois bien tombé. Cinq sexagénaires de New-York, rien à voir, ouverts, cools, une pêche d'enfer et qui sont là pour se bidonner viennent s'installer près de moi. Ils boivent des bières en cachette et se moquent des autres vieux. C'est génial!

Pour la visite du parc, je ne vais pas m'étendre, mais plutôt laisser les photos parler. C'est le sauvage à l'état pur. Merveilleux, immense. Le temps est très couvert et on n'aura donc pas de vue sur les hautes montagnes enneigées (que j'ai quand même vues de loin sur la route en venant il y a quelques jours), mais déjà comme ça, c'est à couper le souffle et j'en ai les larmes au yeux. On verra aussi pas mal de vie sauvage: des ours, des coyotes, un loup, des caribous et des mouflons. J'ai été très ému en voyant les ours et le loup. C'est bizarre de les voir en vrai devant soi, juste vivre dans leur élément naturel. Ca fait presque irréel.

coyote






grizzly



loup


caribous
Au final, j'ai bien fait de prendre ce bus car j'ai vu bien plus que si j'avais été seul à vélo. Quarante paires d'yeux qui cherchent sont plus efficaces qu'une seule, surtout si elle doit faire attention à la route. Et puis, j'ai bien ri avec mes voisins.
 
Le soir, de retour au camping, je rencontre trois cyclistes: un Californien et un couple du Colorado. Ils n'ont pas envie de payer pour le camping et me demandent s'ils peuvent squatter ma parcelle. Ils ont l'air bien cools et je les invite volontiers. Ils tiennent à me payer la moitié de la nuit et le Californien va chercher des bières. On passe une super soirée à quatre avec nos bières et nos histoires. Le Californien est complètement caisse après deux pils qui sont presque de l'eau. C'est drôle, il ne tient pas du tout. Le couple du Colorado me donne leurs coordonnées car ils habitent près de Denver, où je termine mon voyage en septembre, et ils me proposent de passer chez eux et de me conduire à l'aéroport. C'est incroyable, le nombre de rencontres sympas et géniales que je fais ces derniers jours. Il faut que je pense à prendre des photos d'eux!




10 commentaires:

  1. Je m'évade vraiment en lisant tes récits! je suis extrême jalousie.

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  2. Après les merdes , le Paradis. Sûr qu'il est sur terre. Et tu n'en es encore que dans l'antichambre! L'odeur des ours, ça va? T'as pu comparer? Bizzz

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  3. C est top! J adore te lire et profiter de ton incroyable aventure! Tu rencontres plein de gens sympa, tu vis à ton rythme et tu découvres des paysages fabuleux ! Que demander de plus! Bisous!

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  4. Arf zut j'ai cru un instant que le vétéran de Corée (slash) Vietnam était Ken Spain... c'est finalement juste un faux sosie de J.R... j'ai hâte de voir le vrai!

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  5. Toujours un plaisir de lire ton blog. Bonne continuation et prends bien soin de toi.

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  6. Voilà, enfin je peux t'écrire car depuis le dernier message posté, je n'arrivais plus à t'envoyer mes messages. Mais le problème est réglé! Ouf! Tes photos sont magnifiques et ton récit captivant! J espère que tu es en bonne santé (à part les moustiques!?. Tu as fait des rencontres sympa qui te seront utiles dans ton périple. Gros bisous et prends soin de toi! tiou

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    1. Parfait! Oui, tout va bien et je suis en bonne santé. Gros bisous

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  7. Salut Val. Voyageur, courageux, endurant, et sensible avec ça ("J'ai ai les larmes aux yeux")! Bien compréhensible, toute cette émotion. Tu as la chance de la ressentir, cette émotion. Ce qui est cool, c'est que tu nous en fais profiter aussi. C'est vraiment sympa! Merci pour ces récits si dépaysants!

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  8. Je suis en train de lire ton post en mangeant mon sandwich devant mon ordi comme une nerd et en regardant la drache tomber par la fenêtre.... Merci pour l'évasion ! J'imagine trop les petits vieux dans le bus. Merveilleux !ha ha
    Bisous

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