lundi 18 juin 2012

 
Alaska - Anchorage (1)


Ca y est, j'y suis! Parti pour 3 mois. Il est 11h, le 16 juin, et après un vol de 9h30 qui m'a fait remonter le temps (j'ai décollé de Francfort à 11h20), j'atterris à Anchorage. On a survolé le nord du Groenland et la calotte polaire. C'était magnifique: des glaciers, des icebergs et des plaques immenses de banquise. Je n'ai malheureusement pas pu prendre de photos vu que j'étais loin du hublot, mais je m'en souviendrai. C'est donc sous un soleil radieux et 20°C que j'arrive en Alaska, et après avoir récupéré mes bagages et mon vélo, vient le passage de douane. Les policiers sont très sympas, même si leurs consignes vont très vite se révéler complètement débiles. Ils me demandent si j'ai de la nourriture déshydratée, à quoi je réponds que oui, trois sachets. Ils me demandent de les leur montrer et je plonge donc le bras à l'aveugle dans mon sac dont j'extirpe trois sachets de bouffe parmi les sept que j'ai emportés. J'ai préféré mentir à moitié, c'est plus facile pour rattraper le coup... "Désolé Monsieur, ces deux-ci contiennent du poulet et du jambon provenant de France, ça ne peut pas passer." Ils m'expliquent gentiment que le risque qu'ils contiennent des maladies est trop grand. Je leur laisse donc les deux sachets hautement toxiques, soulagé d'avoir évité de près la contamination. Quand je pense que j'allais innocemment manger ce jambon, j'en ai encore des frissons! Ils passent ensuite à l'inspection de mon vélo à la lampe de poche pendant que l'on parle de bière belge. "Mmm, il y a de la poussière sur les roues." Tiens donc? Il s'arme alors d'un chiffon et de désinfectant et s'emploie à nettoyer les roues. Je lui demande quel type de poussière il recherche ainsi et il me répond: "Toutes. Les maladies peuvent être amenées par n'importe quel type de poussière." Apparemment la poussière des garde-boue n'a pas droit aux mêmes considérations et est juste ignorée. Je commence sérieusement à avoir du mal à retenir un sourire. Il enchaîne avec: "Roulez-vous sur les routes ou sur les chemins de ferme?" Commençant à saisir les règles de ce contrôle d'autant plus absurde (et tellement américain) qu'il est entièrement focalisé sur le fléau, j'arrive à répondre sans presque avoir honte: "Non, jamais je ne sors des routes." Ca passe comme une lettre à la poste, pas d'autre question. C'est facile, en fait. Il suffit de répondre ce qu'ils veulent entendre. Il me libère donc et c'est l'esprit guilleret que j'entre en territoire américain avec mes mycoses entre les orteils et le bouillon de culture régnant dans mon slip. Bienvenue au pays des paradoxes où la logique n'a plus lieu d'être! C'est génial, je ris! Tiens, je me demande si j'aurais pu passer avec un flingue...

Dans le hall de l'aéroport, une femme vient vers moi et me donne le numéro d'une amie faisant partie d'un groupe qui accueille les cyclistes voyageurs. "Appelle-la quand tu seras à Seward." Quel accueil. Merci! Je devrais y être dans deux semaines, je n'y manquerai pas. Elle me glisse aussi qu'aujourd'hui est le jour parfait pour arriver en Alaska tellement il fait beau alors qu'il faisait dégueu les jours précédents. Etrangement, ça ne m'étonne même plus.
Je prends donc la route vers Anchorage par un chemin cyclable qui longe la mer. On a une belle vue sur la ville et les montagnes en arrière-plan. Le ciel est plein de petits avions et d'hydravions. Les pilotes s'en donnent à coeur joie ici et c'est un véritable sport national. En ville, je cherche un hôtel alors que je sens le rouleau compresseur du décalage horaire arriver à fond la caisse. J'avais oublié ce détail. Je pensais naïvement m'en tirer avec un peu de fatigue et profiter de ma journée bonus, mais 10 heures de jet lag, c'est énorme, presque le maximum, et elles se traduisent tout simplement par l'inversion du jour et de la nuit. C'est à 14h que je réalise qu'il est en fait minuit pour mon corps. Moi qui pensais profiter de ce bel après-midi. Tu parles! Je trouve une chambre, prends une douche et m'installe pour une sieste à 16h dans le but d'aller me promener en soirée. Je me réveille... à minuit. 10h en Belgique, quoi. Normal, je viens juste de faire ma nuit. Finalement, j'arrive encore à somnoler jusque 4h grâce à la fatigue accumulée les derniers jours et la grosse émotion du départ.

J'attends le vrai jour et me mets en route à 9h pour visiter la ville à vélo. Je passe d'abord chez un loueur de vélo pour faire régler mon dérailleur qui a un peu encaissé pendant le vol. Mais il est loin du McGyver à qui j'avais eu affaire sur Fuerteventura. Il arrive tout de même à améliorer le bazar, mais la deuxième a toujours un peu de mal à s'enclencher. Ca fait chier, mais plus par principe que dans la pratique. Je vais commencer comme ça et je trouverai bien quelqu'un de plus compétent plus tard. Il est maintenant midi et je suis fatigué. Ah ben oui, il est 22h en Belgique... Je me rends bien compte que je n'arriverai pas à commencer mon parcours à vélo tout de suite. Je suis une vraie loque la journée et j'ai besoin de quelques jours d'adaptation. Heureusement que j'ai le temps. Je continue à me traîner sur mon vélo à une allure de grand-mère sur les petits chemins, dans les parcs et les bois. Cette ville est vachement verte et aérée. Il y a peu de trafic et de plus, on a toujours la superbe et imposante chaîne de montagnes en arrière-plan. C'est très particulier, et moi qui ne suis pas fan des grosses villes, je trouve que ça a son charme.
A 14h, je m'arrête pour manger en terrasse un truc dégueulasse et gras à base de thon accompagné de frites immondes. On est à l'abri du vent et il fait plus de 25°C. Je bois une bière locale pas mauvaise du tout (c'est toujours ça!) pour laquelle on me demande mon ID. C'est génial! Je blague avec la serveuse en lui demandant si j'ai l'air si jeune. Elle sourit et me répond que c'est pour tout le monde la même chose alors que je suis le seul à avoir dû sortir mon passeport pendant que j'étais là. A 16h, je n'en peux plus (ça fait quand même 2h du matin) et je rentre m'écrouler jusque 21h, après quoi je n'ai plus trop sommeil et en profite pour écrire cet article. On verra comment se passe la nuit et mon rythme de demain.




7 commentaires:

  1. Faire tout ce voyage pour avoir envie de roupiller! quel luxe...!les quelques photos que tu montres donnent déjà presque envie de te rejoindre. Est-ce qu'ils ont de la Duvel? Biz

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  2. Pfff je t'envie ! Tu veux que je t'envoie une photo de la vue qu'on a des tours Belgacom ? Non ? ^^

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    1. Merci, ça va aller. Par contre, tu peux m'envoyer une photo des grosses fesses de miss t-shirt mouillé de la tour U. :)

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    2. Va falloir que je prévoie le grand-angle :-)

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  3. Je suis certaine qu' une solution va se présenter à toi...Je repense tt à coup au jour où avant de présenter ton mémoire,le légo ne fonctionnait pas...et tu as qd mme présenté et tt à coup le légo a bougé...c'était gagné! Tiens ns au courant de l'issue de cet épisode.Bizzz à toi

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  4. Les douaniers : "Ca passe comme une lettre à la poste, pas d'autre question. C'est facile, en fait. Il suffit répondre ce qu'ils veulent entendre." On se croirait au boulot avec le chef :-)

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