jeudi 21 juin 2012

 
Alaska - Sur la route du Nord (1)


Je me réveille d'abord à 3h30 et puis finalement à 6h30, ce qui me fait 10h de sommeil et pratiquement un retour à un rythme normal. Je me sens enfin prêt à partir. Il est 10h et j'enfourche ma monture, destination le parc national de Denali, à environ 350 km, 5 ou 6 jours de route si tout va bien. Le temps est splendide et il fait super bon. La sortie de ville n'est pas évidente car la seule route est une autoroute, ce qui me fait d'abord flipper car je ne vois pas comment je pourrais faire pour l'éviter. Après avoir un peu tourné en rond je découvre qu'il y a une piste cyclable dissimulée dans les fourrés de l'autre côté de l'autoroute. C'est carrément une route miniature, entretenue et revêtue de tarmac. Un vrai plaisir. Le trafic est assez intense et désagréable, mais la vue sur la chaîne de montagne dans le fond est vraiment magnifique. Après 50 km comme ça, je peux enfin prendre une route secondaire et m'éloigner. C'est superbe et immense. J'ai l'impression de ne pas avancer, tellement les espaces sont grands.




Les eaux de la rivière que je longe sont bleu-gris car l'hiver a été très rigoureux. Il y a eu énormément de neige et le dégel a fait monter les cours d'eau tout en les alimentant de boue. Le résultat est magnifique.
Je parcourrai au final 87 km. Je ne m'attendais pas à autant pour une première journée, d'autant plus que mon vélo est bien plus lourd que d'habitude et je le sens bien dans les jambes. Arrivé à un camping à 16h, je me mets à l'aise sur un emplacement normalement réservé aux camping-cars. Les emplacements pour tentes que le responsable m'avait indiqués étaient en effet de tout premier choix: en contre-bas dans un sous bois, à l'ombre, pleins de moustiques, humides, pas d'herbe et le sol était tout sauf plat. Non merci! Je m'installe donc en plein soleil sur du plat et dans l'herbe. Le soleil tape vraiment et je cuis. Qui aurait cru que je rôtirais en Alaska?
 



Le bol... puis la cata

Le lendemain, il fait moins beau, mais c'est toujours agréable. En passant par la ville de Palmer, je tombe sur un atelier de vélos, un vrai. Si ça, c'est pas du bol... J'explique au gars mon problème de vitesses, il jette un oeil, redresse le dérailleur, qui a été un peu plié pendant le vol, règle des bazars, retend des brols, et après 15 minutes, mon vélo est comme neuf, les vitesses s'enchaînent tranquillement. Impeccable! Je continue ma route et m'engage sur la George Parks Highway, qui mène droit au parc Denali. Encore une fois, heureusement qu'il y a une piste cyclable tout le long, car l'inconvénient de ces pays dominés par la nature est qu'il y a très peu de routes, donc tout le monde prend la même et on se retrouve finalement avec pas mal de trafic. Assez paradoxal, en somme. Il faut bien 40 km avant que le trajet devienne plus agréable et qu'on se retrouve plus dans la nature. Ceci dit, les camions s'enchaînent et font du boucan. Ce n'est pas super marrant, mais je n'ai pas le choix, il n'y a aucune autre route. J'espère qu'à la longue, ça ne me tapera pas trop sur le système et que j'arriverai à trouver des passages plus sympas. Tout à l'heure, en repensant au gars qui a réglé mon vélo, je me disais que j'avais pas mal de bol jusqu'ici et qu'il arriverait quand même bien un moment où je me prendrais une tuile. Je n'ai pas dû attendre longtemps... Après 60 km, j'entends un truc qui se prend dans ma roue arrière, je freine pour m'arrêter le plus vite possible, mais c'est trop tard. J'entends un énorme clac! et mon dérailleur explose en morceaux. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'ai retrouvé aucune branche ou quoi que ce soit sur la route. Ou bien le dérailleur était abîmé et a claqué? Je ne le saurai jamais et ça m'est égal, c'est fait. Tout de suite, analyse optimiste de la situation: je n'ai rien. Pour le même prix, j'aurais pu me retrouver la tronche à terre. Donc, rien de tragique, juste du matos cassé. Ceci dit, c'est très emmerdant et très cassé. Et j'ai aussi un rayon pété. Plus moyen du tout de pédaler. Mais ça aurait pu être pire car dans ma mésaventure, j'ai du bol: je ne suis pas encore trop engagé dans la brousse et j'ai passé il y a 6 km un camping, donc un endroit où il y a des gens. De plus, grâce à ce matin, je sais où trouver un réparateur de vélo, qui n'est qu'à 60 km. J'avais pensé faire du stop, mais trop dangereux, les bagnoles tracent et la piste cyclable n'est pas du bon côté. Je rebrousse donc chemin à pied en me laissant rouler dans les descentes et une heure plus tard, me voici au camping. Voilà, vu le nombre de voyages que j'ai déjà faits, ce genre de grosse merde avait des chances d'arriver un jour. Je vais sûrement devoir appeler un taxi pour rejoindre Palmer, à moins que je ne trouve quelqu'un qui m'y emmène. Mais je n'ai pas envie d'attendre des heures pour ça. On verra. J'espère que le gars a des dérailleurs en stock et qu'il pourra remplacer le mien. Sinon, on avisera. Mais relax, je garde le moral.



8 commentaires:

  1. Ah c'est con ça, mais ça arrive, la mécanique ça lâche toujours à un moment ;) ... C'est quoi comme marque/modèle de dérailleur ? Si c'est du Shimano Alivio/Deore/SLX/XT, ce qui est plus que probable, tu en as partout, donc no stress.

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  2. vaut mieux ça qu'une patte cassée. il y a donc aussi des vélos en Alaska! pas seulement des grosses 4x4! Comme tu le dis, c'est préférable maintenant qu'en pleine brousse. cool! bisous

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  3. ça me rappelle l'histoire de mon vélo écrasé à Cambridge! :-) Bon courage en tout cas, espérons que la bête soit vite remise sur roues ! Bisous

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  4. Courage poulet! On pense a toi avec une Duvel! ;)

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  5. Yo! C'est mieux ça qu'une déchirure. No problemo, tu as le temps. Pour te donner du courage, pense à Jaws (please, I insist, be proactive, stay professional), et réalise que tu es bien là-bas :-) Mais comme tu l'as dit, ça devait arriver un jour. Pas plus mal que ce soit à un "bon" moment.

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    1. Merci de me faire penser à lui. Tout de suite là, ça va mieux. Son professionnalisme m'illumine. :) We must have ammunitions.

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  6. c'est reparti? T'en as profité pour bronzer un peu? je m'associe de tout coeur à Bardus que je ne connais pas mais peu importe, c'est sûrement un mec bien. Et je ne parle pas du "poulet". A propos, le poulet, c'est à cause des mollets? Bisous

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  7. Bon esprit Pépé: ton vélo est cassé, mais tu souris sur la photo car ça fait partie de l'aventure. J'aime!

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