mardi 4 septembre 2012

  
Wyoming / Utah - Flaming Gorge

Je pars le lendemain en repassant devant la petite station essence. L'eau avec laquelle j'y remplis mes gourdes est dégueulasse. En plus d'être tiède, elle goûte le soufre. De l'eau qui a un sale goût, j'en ai bu pas mal depuis le début et on s'y fait vite, mais là, c'est tout simplement vomitif. J'y ajoute quelques sachets de sucre histoire de dissimuler l'arôme, mais rien à faire, c'est toujours aussi immonde, voire plus. Respirer par la bouche après avoir bu, il n'y a plus que ça à faire. J'ai 80 km à faire en plein désert et il faut que je boive. Heureusement qu'il fait moins chaud que les jours précédents.


Le ciel est d'ailleurs encore couvert par endroits de gros nuages gris foncé et je vois des rideaux de pluie très locaux par ci par là. Le terrain est très plat et lorsque je passe à proximité d'un de ces nuages, le vent devient très fort et me chasse de côté. C'est très dur et le vent siffle à mes oreilles, de quoi devenir timbré. Puis, apparaît droit devant moi un mur de pluie sombre. Celui-là, je ne pourrai pas l'éviter et je sens déjà les premières gouttes apportées par le vent. La température chute très vite et je m'arrête pour revêtir mes vêtements de pluie. Je suis prêt, j'y vais, je rentre dedans. Et là, c'est cataclysmique. Eclairs, tonnerre, rafales de vent cinglantes, je me fais arroser à coups de seau d'eau froide et je dois pédaler penché pour contrer la force du vent. Il fait tellement froid que je dois sortir mes gants. C'est très impressionnant. Dix minutes plus tard, j'en sors, le ciel est bleu, il fait bon, le soleil donne et je sèche en deux minutes. Bienvenue au pays des contrastes! Une dame hier m'avait dit qu'elle me souhaitait de partir d'ici avant qu'il ne fasse trop froid car à cette période la neige peut arriver d'un jour à l'autre. C'était difficile à imaginer alors qu'il faisait 30 °C. Maintenant, j'en ai eu une belle illustration et j'ai compris. En tout cas, cette expérience d'orage glacial en plein désert était tellement intense et courte qu'elle a été finalement bien plus intéressante que désagréable et je suis bien content de l'avoir vécue.

Après cette traversée mouvementée, j'arrive sur les dessus de Green River. C'est splendide, je ne m'attendais pas du tout à ça. Encore un nouveau type de paysage! Magnifique!





Green River est le point de départ pour Flaming Gorge, un grand lac enchâssé dans des canyons et s'étendant au-delà de la frontière avec l'Utah. Je pars donc grimper sur le dessus de ces gorges. Le paysage est encore une fois à couper le souffle.




Durant l'après-midi, je décide de m'arrêter prématurément car un nouvel orage se pointe dans ma direction, venant de là où je dois aller. Je plante donc ma tente le long du lac et guette les nuages qui ne se font pas attendre très longtemps. Et à nouveau, c'est la mini-tornade. Ici, quand on parle d'orage, c'est un vrai qui fait mal. Ma tente est secouée dans tous les sens et j'ai peur qu'elle soit déchirée. Mais elle tient bon, et après une demi-heure, le beau temps est de retour avec un bel arc-en-ciel. Durant la soirée et la nuit, j'aurai droit à encore deux tempêtes relativement courtes mais tout aussi violentes.



Le lendemain, il fait magnifique, pas un pet de vent, et rien ne pourrait laisser imaginer les tempêtes de la nuit passée, si ce n'est ma tente qui est complètement distendue et ressemble à une vieille fesse flasque.

Un gars m'explique que ce lac a été créé par l'homme et qu'avant cela, il y avait une ville à la place. Une légende raconte que Billy the Kid y a enterré le butin d'un de ses braquages, qui reposerait donc toujours quelque part au fond du lac. 



Je continue ma route le long des gorges et quitte le Wyoming pour entrer en Utah dans une vallée verte sortie de je ne sais où.



Comme le panneau l'indique assez explicitement, je pénètre ici sur un lieu rempli de fossiles datant du Jurassique. Des pancartes installées le long de la route expliquent régulièrement quel animal a vécu ici ainsi que la formation des roches, dont certaines sont rouge éclatant. Superbe!




J'entame maintenant une ascension très ardue qui me mènera à 2569 m. Très ardue car en plus d'être assez raide pendant 20 km avec des descentes et des remontées, je m'en farcirai une bonne partie sous une averse de grêle avec le vent en pleine face. Le pied!

A cette altitude, la sécheresse du désert n'a pas l'air d'avoir prise, la verdure est de retour et je m'arrête un peu avant le sommet pour camper dans un bois sur le bord d'un ruisseau car la nuit approche, je suis crevé et je commence à avoir froid. J'arrive donc le lendemain matin au sommet dans un environnement vert et rempli d'arbres, accueilli par un groupe de dindons. 

2569 m

Et puis, c'est la descente vertigineuse avec une vue qui l'est tout autant. Ces roches fossiles sont carrément hors du temps. C'est superbe! J'ai l'impression d'être sur une autre planète. Encore une fois, les couleurs sont à tomber par terre.









1 commentaire:

  1. De l'hosto, à travers le brouillard, je distingue à peine les terrils d'Aiseau et de Tamines. Fabuleux! Le soleil levant perçant le brouillard confère à ce paysage une ambiance fantasmagorique;-) On en boufferait. Toi par contre, t'as l'air d'avoir dégusté! C'est bon, les glouglous? Superbes photos! bizz

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