lundi 22 octobre 2012


Népal - Retour dans la fourmilière

La journée de repos à Pokhara est dignement honorée et placée sous le signe de la glande. On n'en fout pas une. On avait initialement pensé aller se promener le long du lac, mais le temps brumeux qui nous cache l'Himalaya nous en dissuade et nous offre l'excellent prétexte dont on avait besoin pour faire les larves. Ceci dit, en fin d'après-midi, rassemblant tous nos efforts de volonté, on part se réhydrater dans un troquet qui offre une happy hour de 15 à 19h. Il ne faut tout de même pas oublier de faire attention à soi. Après ça, petit resto indien délicieux puis au dodo. Journée bouclée.

Le lendemain, on repart vers Kathmandu. Même avion, mêmes pilotes, même hôtesse que lors du vol qui nous a amenés ici, mais cette fois les 20 places du coucou sont occupées. Je ressens une pointe de tristesse car maintenant le trek est bel et bien terminé, retour à la ville, son brouhaha et sa pollution. Et ils ne se font pas attendre.


A peine sortis de l'aéroport dans un taxi dont on se demande comment il peut rouler tellement il est délabré, la foire est au rendez-vous. Si je trouvais comique cette circulation chaotique et improbable à mon arrivée au Népal il y a deux semaines, elle l'est toujours car ce rallye généralisé reste avant tout zen. Mais au retour de 12 jours en montagne, après cette cure de bon air vivifiant, la pollution qui nous assaille et nous prend à la gorge est insupportable. Ca pue, mais ça pue! J'ai l'impression que le pot d'échappement de notre caisse donne juste sous mon nez. Mais non, c'est juste l'air ambiant. En plus, ça refoule vachement l'essence dans la voiture. Il nous faut peut-être une demi-heure d'embouteillages pour rejoindre notre hôtel dans le quartier de Thamel et ça nous met KO. On tousse tellement on a respiré de la poussière et de la crasse. Il était temps qu'on arrive car on en a des nausées. Father m'avait prévenu que le retour à Kathmandu après un trek était difficile. Non, c'est un supplice! Et tous ces locaux affublés d'un masque en sont la parfaite illustration.

Retour donc à l'hôtel de notre début de séjour où je pars illico constater que mon vélo est toujours bien là. Il a gentiment séjourné pendant les deux dernières semaines dans la pièce qui sert de salle-à-manger. Et la bâche noire qui l'entoure est maintenant d'une teinte brunâtre, couverte d'une belle couche de poussière... C'est notre hôtel, avec ses interrupteurs qui ne fonctionnent pas, ses coupures de courant, ses murs infiltrés, son eau courante qu'on ne risque pas de boire par mégarde tellement elle sent mauvais (même désinfectée, on ne pourrait pas), son pot qui coule, sa douche au-dessus d'une bouche d’égout et qui arrose toute la toilette, la clé de notre chambre qui casse comme de la plasticine dans la serrure, ses étincelles dès qu'on branche quelque chose dans la prise. Quoi qu'il en soit, on est en terrain connu. Radicalement népalais.


Après avoir repris nos esprits et notre souffle, nous partons soigner nos gosiers asséchés par la crasse à coups de Gorkha, notre bière népalaise préférée. Le traitement est radical et on se sent tout de suite beaucoup mieux. Nous allons ensuite rendre visite à un barbier de rue. Le gars installe ses clients sur un vieux morceau de carton posé sur une marche et ses prouesses font le reste. Father avait déjà eu affaire à ses services lors de son premier voyage ici il y a 15 ans. C'est un réel orfèvre et rien que pour le folklore, je me laisse raser de près comme cela ne m'est plus arrivé depuis des années.



Suite à ça, on erre sans but et nos pas nous mènent sur les bords d'un carrefour très fréquenté. C'est l'heure de pointe et le trafic est absolument démentiel. Trois policiers règlent visiblement la circulation, même si ça n'en a pas fort l'air. Quoi qu'il en soit, l'endroit est idéal pour prendre des photos et on ne s'en prive pas. Jusqu'à l'arrivée d'un militaire qui nous demande de le suivre car son supérieur, posté de l'autre côté du carrefour, veut nous parler. Bon... C'est le genre de trucs qui ne met pas très à l'aise quand on est à l'étranger. Décontenancés, on suit le type qui traverse le carrefour en oubliant totalement le danger auquel on s'expose. C'est là qu'un cyclone de motos et de véhicules en tout genre nous passe juste devant le nez. On a juste le réflexe de s'arrêter pour réaliser qu'on est en plein milieu du carrefour à côté des flics qui se marrent en nous voyant perdus: "Different rules here!" Ah bon? On arrive tant bien que mal de l'autre côté où le supérieur nous attend pour nous montrer derrière lui de petits panneaux invisibles d'où on était et qui indiquent que les photos sont interdites. Mais il n'y a pas de problème, juste une procédure à suivre, veuillez nous suivre. Et on nous conduit dans une petite pièce d'interrogatoire. OK... Ils ont beau avoir tous la banane et être bien aimables, on commence sérieusement à se poser des questions et on se demande ce qui nous arrive. Ces messieurs nous expliquent alors que nous sommes dans une espèce de club dépendant de l'ambassade américaine et que les photos telles qu'on les a prises (de loin et sur lesquelles on peut fugacement apercevoir un mètre de mur entre deux bagnoles après avoir zoomé trois fois) sont interdites. Tout s'explique, on est à Paranoïa Land, chez les bons Américains. A partir de ce moment, le plus dur est de ne pas éclater de rire car il vont remplir une procédure tout ce qu'il y a d'absurde. Ca me rappelle mon arrivée à Anchorage et la désinfection de mon vélo. En effet, les préposés nous photographient et prennent également une photo de nos passeports et visas, de nos appareils photo, et même des photos apparaissant sur l'écran de nos appareils photo. Ensuite, ils nous posent toute une série de questions plus débiles les unes que les autres auxquelles ils portent très peu d'intérêt, notant sans réfléchir ce qu'on leur dit. Je suis d'ailleurs très vague dans mes réponses, répondant parfois quelque chose de totalement improvisé. Ils nous auraient demandé notre couleur préférée que ça n'aurait pas dénoté dans le tas. Et ils terminent bien sûr par effacer nos photos. Voilà Messieurs, merci beaucoup, désolé et au revoir. On sort de là et on se regarde, ne comprenant toujours pas ce qui nous est arrivé. M'enfin, les gens...

On continue notre balade en passant sous de hauts arbres qui abritent une multitude d'énormes chauves-souris d'au moins 30 cm de long. Le soleil va se coucher et elles commencent à s'agiter, déployant leurs immenses ailes en s'étirant.



Le soir, on goûte une boisson tibétaine, la tongba, eau chaude versée sur des graines de millet fermentées. C'est de la gnôle, en fait. Assez léger et très bon.

Kirtipur

Petite journée à Kirtipur, dans la banlieue de Kathmandu. Il y a très peu de touristes ici et c'est très calmement qu'on parcourt les rues et les endroits de culte de la ville. C'est là qu'un jeune gars vient près de moi me demander respectueusement s'il peut toucher mes cheveux. Ca m'était déjà arrivé pendant le trek en traversant un village. Il faut dire que les longs poils blonds bouclés sont plutôt rares dans le coin. En tout cas, c'est très comique et encore plus de voir leur air ébahi quand ils les touchent. Ca me rappelle un autre moment du trek où j'étais sorti de la douche à torse nu devant deux mecs qui m'avaient presque félicité en lorgnant ma toison capillaire. Autant je passais inaperçu parmi les ours, ici c'est raté.








Patan

La journée suivante, on la passe entièrement dans l'ancienne cité royale de Patan. C'est superbe et l'ambiance est très relax malgré le flot de touristes. En effet, les gens qui nous proposent leurs services de guide et qui essayent de nous vendre leur camelote ne sont pas du tout intrusifs ni insistants. C'est très agréable et permet même d'engager la conversation, notamment avec un groupe de filles superbes et très drôles qui ont essayé de nous vendre leurs brols avec beaucoup d'humour. J'ai pris plaisir à faire trainer les choses histoire de profiter de leur agréable et charmante compagnie, même si elles savaient depuis le début que je n'achèterais rien. Et elles ont joué le jeu en se marrant. Un bon moment.


  










Voilà, le jour du départ est arrivé. C'est ce matin que je quitte le Népal pour m'envoler vers la Thaïlande tandis que mon père retourne en Belgique. Mon vol étant le matin et le sien le soir, il m'accompagne à l'aéroport puis retournera passer la journée à Kathmandu. Malheureusement, la sécurité ne le laisse pas entrer car l'accès est seulement autorisé aux passagers. On se dit donc au revoir sur le pas de la porte sous l’œil scrutateur du garde. Je ne sais pas trop à quoi ça sert, d'autant plus qu'il est assez visible qu'on n'est pas du coin, mais au moins ça évite les au revoir prolongés et difficiles. En tout cas, ce séjour de trois semaines à deux a été superbe, rempli de rires, de complicité et de belles découvertes. Une réussite totale. A bientôt Ne!

J'entre donc seul dans l'aéroport où je suis accueilli par des agents de sécurité souriants mais surtout pas du tout habitués à ce qu'un type débarque avec un vélo. Ca les amuse et ils m'aident à le transporter. Mais au guichet d'embarquement, ça devient moins drôle quand le préposé me demande de poser mon vélo sur la balance, ce qui ne m'arrange pas du tout. Premièrement, on dirait une balance de boucher amochée dont le plateau fait moins d'un mètre de côté et dont je doute fort de la précision scientifique. Vas-y mettre un vélo là-dessus, mais je les laisse faire et ils y arrivent tant bien que mal en le tenant à trois à la verticale. Et deuxièmement, je sais que mon vélo est lourd. Généralement, la compagnie applique un tarif forfaitaire pour les bagages hors normes, qui est toujours bien à mon avantage, surtout quand on ne me le fait pas payer. Mais ici, inutile d'invoquer cela car une fois qu'on a affaire aux officiels, fini le marchandage, ça ne rigole plus. Et donc, ce brave bonhomme me fait payer les kilos excédentaires, vélo et sacs compris. Verdict: 17 kg en trop. A 10 euros du kilo, ça me fait un joli petit cadeau d'adieu au Népal. Disons que ça compense les fois où mon vélo voyage gratos, mais ils ont intérêt à me le chouchouter à ce prix-là, sinon ça va rugir.

Ensuite, c'est très paradoxal car je passe par trois ou quatre fouilles répétitives mais surtout très superficielles. A se demander à quoi ça sert, si ce n'est à leur donner l'illusion qu'ils font leur boulot, à les occuper ou peut-être à dissuader les malveillants. Mais bon, quand on voit le niveau de sécurité du reste, ça fait un peu rigoler et devient vite chiant vu leur inutilité. On a même droit à se faire encore tripoter et fouiller à l'entrée de l'avion, mais je passe plus ou moins entre les mailles du filet lorsque le gars voit mon casque de vélo accroché à mon sac. "Ah c'est vous le cycliste. Votre vélo a bien été chargé dans l'avion, Monsieur. Bonne chance pour la suite!" Et j'évite de devoir tout déballer. Ah, ces Népalais et leur amabilité. Si ce n'est la crasse, l'insalubrité et la pollution que je suis franchement content de quitter, absolument tout le reste vaut largement le coup de venir et revenir visiter ce merveilleux pays. Bye bye Népal, direction Thaïlande pour la suite de l'aventure dans l'inconnu.

4 commentaires:

  1. Ah non, ça c'est pas correct! Où sont les photos du groupe de jolies filles avec plein d'humour?? Ne me dis pas que tu gardes cela pour toi! Partage jusqu'au bout! :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben oui, tu penses bien que j'en aurais été ravi. Mais sache que je suis encore plus déçu que toi car je n'en ai pas. J'étais trop concentré pour penser à filer mon appareil à mon père. Par contre, lui ne s'est pas gêné et en a plein. :) Mais carte incompatible, pas moyen que je les prenne. La technologie, tu sais... Pffff

      Supprimer
  2. Rahh, j'adore la photo avec le barbier de rue, ça déchire !

    RépondreSupprimer
  3. Hep Ne! je viens de tout relire d'une traite. C'était il y a 2 jours... une éternité. Mais que c'était bon! Have a good life; take care. Bizzzzzzzzzzzzzz

    RépondreSupprimer