samedi 20 octobre 2012


Népal - Le Sanctuaire des Annapurna (2)

Après avoir pioncé comme un roi face à l'Annapurna, je décide de redescendre à M.B.C. Il est 11h, les nuages commencent à arriver et j'ai passé toute la matinée à m'en mettre plein les yeux. Je suis repu, il est temps. Ceci dit, j'aurais aimé pouvoir poursuivre le trek en passant quelques jours à cette altitude, au milieu de ces paysages enneigés, et continuer la route. Mais le Sanctuaire est un cul-de-sac et on n'a pas le choix, il faut redescendre par où on est monté. C'est le seul petit regret du trek, que la descente magnifique me fait assez vite oublier.


Je rejoins ainsi mes deux compères vers midi pour m'entendre dire qu'on décampe. On avait initialement décidé de passer une deuxième nuit ici afin de prendre un peu de repos l'après-midi, mais toutes les chambres sont réservées pour les prochains jours. Nous sommes donc contraints d'anticiper notre descente en nous rendant déjà au village situé 500 m plus bas. Heureusement que j'ai pris mon temps là-haut et que j'en ai profité pendant 5 heures. On remballe nos affaires, on prend une soupe de nouilles, puis je jette un dernier coup d'oeil en hauteur histoire de saluer une dernière fois les colosses. Pas de regret, les nuages prennent possession des lieux et les sommets commencent à disparaître. Ce que j'ai vu et ressenti ici est à jamais gravé dans ma mémoire. On peut y aller.






Nous voilà donc partis pour un jour et demi à rebrousse-chemin avant de pouvoir bifurquer sur une nouvelle route. Je m'attendais un peu à ce que ce soit ennuyant ou démotivant de parcourir la même route en sens inverse, mais non, la perspective est totalement différente et j'ai presque l'impression de découvrir le sentier.







On arrive maintenant à l'embranchement qui nous envoie sur une route qu'on n'a pas encore empruntée. C'est radicalement différent de ce que j'ai vu jusqu'ici. On traverse la campagne où on est mêlé à la vie rurale. Les scènes de vie quotidiennes et les portraits des gens rencontrés sont magnifiques et totalement dépaysants, tout en étant toujours aussi relax et tranquilles.











A ce stade-ci du trek, je pense que mon fumet commence à gentiment égaler celui de Border. Il faut dire qu'on en est à 9 jours de marche à suer et macérer dans les mêmes habits, ce qui permet de se fondre et s'intégrer aux couleurs locales.

Venant du fond de la vallée vers lequel on se dirige, nous parvient déjà le bruit des klaxons, témoignant de notre rapprochement de la civilisation. Il va sans dire que comme accueil, on a fait mieux. Après 10 jours dans la nature pure, le lointain concert de klaxons nous rappelle brusquement à la réalité. Demain, on y est. Bof...

Mais on a très peu le temps de se soucier des bruits provenant de la vallée car le ciel se couvre rapidement de gros nuages gris qui nous rattrapent. Heureusement, on arrive dans un petit hameau de trois maisons qui nous permet de nous abriter sous un toit juste au moment où le ciel se déverse sur nous. Puis, lorsque l'orage très bref est passé, vient le moment de prendre la décision de continuer ou de passer la nuit ici. Il ne nous reste qu'une heure jusqu'au prochain village, mais la perspective de faire la route sous un ciel chargé nous cachant tout le paysage ne m'enchante pas du tout. On décide donc de passer la nuit ici, d'autant plus que le ciel devrait être dégagé demain matin, comme d'habitude. Vu la vétusté des lieux et de la chambre qu'on nous propose, on pourrait dire qu'on aurait mieux fait de risquer de se prendre la drache et de continuer. Mais pour l'expérience, je pense qu'on a vraiment bien fait de rester. En effet, on est dans un autre monde. Bienvenue au Moyen Age. Premièrement, la chambre ressemble à une étable, la vermine ronge les murs et les matelas sont tellement humides qu'on pourrait presque les qualifier de mouillés. Ca sent bien le champignon. On les met donc sécher sur le balcon, mais rien n'y fait, plus rien ne sèche à cette heure-ci et dans cette humidité. On devra mettre une natte de bambou et une grosse couverture entre nous et le matelas pour se sentir un peu isolé.


Ensuite, la douche. La tenancière nous a assuré qu'il y a moyen de se laver et une vieille porte donnant sur une remise avec inscrit bathroom nous le confirme. Mais voilà, la salle-de-bains est encore plus inattendue et rudimentaire que ce à quoi on a parfois eu droit durant le trek. C'est une toilette dégueulasse avec un robinet à un mètre du sol en guise de douche. La dame ne nous a pas menti quand elle nous a dit qu'il y avait l'eau un peu chaude. Elle n'est pas totalement glaciale, en effet. C'est donc accroupi sous le robinet, les pieds dans la crasse et baigné dans un effluve de vieux pot que l'office se déroule. Mais l'air de rien, on en a tellement besoin après une journée de marche à suer comme des porcs, que même ça, ça fait du bien.


Quant au réfectoire, dénommé dining hall, c'est une petite grange dans laquelle un poêle à bois complètement bouché nous recrache la fumée à la figure. C'en est presque asphyxiant. Deux porteurs jouent à une espèce de snooker avec les doigts et des jetons auquel Father s'essaye et se débrouille pas mal du tout. En tout cas, c'est une fameuse expérience d'un autre temps. Se dire que ça existe toujours à l'heure actuelle et que des gens vivent quotidiennement là-dedans... Ceci dit, le dal bhat est délicieux et je m'en fais péter la panse, resservi abondamment par l'aubergiste.


Le lendemain, dernière étape, le temps est à nouveau dégagé et on peut bien profiter du paysage.


C'est superbe. On descend dans la vallée par des terrasses de rizières qui sont d'un vert éclatant. J'adore.



Et puis voilà, une fois dans le fond de la vallée, Border appelle son copain taximan pour nous reconduire à Pokhara. C'est terminé. Ce trek a été génial, tant au niveau des prouesses physiques, qu'au point de vue des découvertes humaines et naturelles. Father et moi avons fait ça en totale harmonie et ça me donne clairement envie d'en faire d'autres en sa compagnie. C'est génial d'avoir pu faire cela ensemble. De plus, la rencontre avec Border, même si les échanges ont été très limités, est inoubliable. Sa bonne humeur constante, son sourire, sa disponibilité, sa prévenance à notre égard, sa gentillesse. C'est Border, quoi.


Après des adieux touchants, on se sépare de lui après qu'il m'a donné un dernier bisou et que Father lui a filé son t-shirt pour lequel il avait manifesté de l'intérêt. Nous nous apprêtons maintenant à jouir d'un repos bien mérité dans le confort de l'hôtel. Au programme, une bonne douche puis une bonne bière. Soif!

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