samedi 10 novembre 2012


Thaïlande - Koh Tao ou l'exploration aquatique

Et voilà! Après deux semaines de repos imposé, je peux enfin reprendre la route. En effet, après des soins quotidiens à l'hôpital, on m'a aujourd'hui ôté les points de suture (ou de soudure, comme disait Xavier) et les nouvelles sont bonnes, je peux retourner à l'eau dès demain. En plus, ces derniers soins me sont offerts, l'infirmière m'a dit que j'avais assez payé. Super sympa. Ma patience est récompensée et c'est ultra motivé que j'empaquette mes affaires. Demain, je reprends la route!

Pour la reprise de mes activités, j'ai décidé de tout de même mettre à exécution les plans que j'avais élaborés avant mon accident, à savoir me rendre sur Koh Tao pour passer mon brevet de plongée. Je suis dans le coin, autant que j'en profite, ce serait dommage de passer à côté de l'occasion. Et puis, j'ai une revanche à prendre sur la mer... Je pars donc à vélo vers l’embarcadère. Ca aussi, c'est un sacré plaisir: retrouver mes sensations sur mon vélo chargé. Après huit semaines, que c'est bon. Et je retrouve immédiatement mon sentiment de liberté si grisant. Sur le chemin, à peine démarré, je me ramasse une bonne drache bien d'ici, une qui dure deux minutes et m'envoie l'équivalent de deux seaux d'eau à la figure. Inutile de revêtir quelque vêtement imperméable, c'est tellement subit et intense qu'on est trempé avant d'avoir pu dire ouf. Je n'ai même pas eu le temps de trouver un abri que c'était terminé. Et contrairement aux pays du nord auxquels je suis habitué, ici la pluie est à 30 °C, donc pas du tout désagréable, et dès que le soleil réapparaît, on sèche en cinq minutes. Au revoir, Koh Samui. Tu ne m'as pas laissé l'occasion de bien t'explorer, mais tes coquillages et ton hôpital n'ont plus aucun secret pour moi. Ils ne manqueront pas.

Koh Tao compte une bonne quarantaine d'écoles de plongée. Cette fois, je n'ai pris aucun contact. J'ai bien compris au réponses que j'avais reçues la semaine passée que cela ne sert à rien car c'est la basse saison et je n'aurai que l'embarras du choix. On verra sur place. Et bien m'en a pris car sur le bateau, je suis abordé tour à tour par deux rabatteurs qui me vantent les mérites de leur école. Bien que ce qu'ils me proposent est exactement la même chose, si ce n'est l'emplacement de l'école qui change, la promo est bien sympathique puisqu'ils m'offrent une réduction sur le prix affiché en plus de quatre nuits gratuites en bungalow pendant tout le temps de la formation. Il y a d'office des promos pour le logement dans toutes les écoles, mais là on peut difficilement faire mieux. J'ai bien fait de venir, dis donc. Ma chance serait-elle de retour?

La difficulté est maintenant de choisir. Vu donc que le deuxième rabatteur, qui est une rabatteuse et qui a l'intelligence de rire à mes blagues, me mettant ainsi déjà à moitié dans sa poche, me propose exactement la même promo que le premier, j'essaie de marchander.

- Pourquoi j'irais chez toi?
- Parce que nous, c'est plus pro.
- Evidemment... Mais tu n'as pas un meilleur argument, par exemple en baissant le prix?
- Mais ça, c'est impossible, c'est déjà une réduction et je n'ai pas le droit. Par contre, si tu viens chez nous, je te paie une bière.


Oh le coup bas! Elle m'a eu! Et quoi, c'est écrit sur mon front?

Je la suis donc au Crystal Dive Resort, facilement appâté par la promesse d'une bière. Quelle faiblesse! Ceci dit et blagues à part, elle n'a fait que confirmer la décision que j'avais déjà plus ou moins prise, l'emplacement de cette école me convenant mieux a priori: au centre d'un petit village et loin des gros bars bruyants. Me voilà donc inscrit pour le premier niveau d'apprentissage, l'Open Water. Les cours commencent demain avec seulement de la théorie. Puis, durant les trois jours qui suivent, suite de la théorie avec examen, tests et apprentissage en piscine, deux plongées jusque maximum 12 m et enfin deux autres jusque maximum 18 m. Chouette programme!

En attendant, la demoiselle, fidèle à sa promesse et professionnelle dans l'âme, me ramène une énorme bouteille de Chang de 650 ml bien fraîche avant de disparaître. Son boulot est fait... Dommage. Je sirote donc ma délicieuse bière au bord de la plage en admirant le coucher de soleil en compagnie de deux instructeurs chinois qui m'expliquent où je devrais voyager à vélo dans leur pays. Un d'eux me lâche: "Mais il n'y a rien, juste la nature, d'immenses étendues sauvages." Et merde...

Le lendemain, je rencontre Simon qui sera mon instructeur ainsi que Maxime, mon compagnon de classe, tous deux Français. Max fait également un long voyage d'une année et a atterri ici sans l'avoir trop prévu, ce qui nous fait déjà pas mal de points en commun. On passe tout d'abord tout l'après-midi à visionner des cours sur vidéo et à répondre à des questionnaires pour contrôler ce qu'on a réussi à emmagasiner. Un peu soporifique sur la fin mais nécessaire afin de nous inculquer les principes de base de l'évolution en milieu sous-marin. C'est le deuxième jour que les choses excitantes commencent vu qu'on passe à la pratique en piscine. Quatre heures à apprendre à s'équiper et à se mouvoir dans l'eau avec tout l'attirail de l'homme-grenouille. La sensation est déjà terrible. Respirer sous l'eau. C'est très surprenant au début et un peu déstabilisant, mais je me sens très vite à mon aise et prends réellement mon pied à m'appliquer aux exercices. Il faut dire qu'être seulement à deux pour un instructeur est idéal pour l'apprentissage, d'autant plus que l'ambiance de notre trio tourne très vite à la franche camaraderie dès que Simon nous révèle le tarif pour une erreur: une bière. On se retrouve ainsi chacun à la fin de la journée avec trois bières à payer dont on s'acquitte le soir au bar. Simon, très beau joueur et avant tout grand amateur de bière, n'hésite pas à s'infliger la même pénalité lorsqu'il se trompe dans une explication. Très bon esprit. Le ton est désormais donné et le programme du soir clairement établi.

Tornade au large pendant notre entrainement en piscine.

L'après-midi est consacré à terminer les cours de théorie en enchaînant avec l'examen final que l'on réussit tous les deux haut la main. Il faut un minimum de 75 %, autant faire 100 %, c'est plus rond. Maintenant qu'on en a fini avec tout ça, la plongée proprement dite. On embarque ainsi le lendemain pour deux plongées sur deux sites différents. Après le briefing, on s'arnache, on contrôle notre équipement et puis c'est le grand saut. L'eau est à 30 °C, on la sent à peine tellement elle est chaude. Objectif: descendre à maximum 12 m, mettre en pratique quelques exercices répétés hier dans la piscine et puis mais surtout découvrir ce monde aquatique, toutes ces sensations inconnues et en prendre plein les mirettes. La première descente est assez impressionnante et je me demande si je vais vraiment savoir respirer dans l'eau et jusqu'où je vais ainsi descendre. Vais-je pouvoir m'arrêter? Mais tout est très vite sous contrôle, il suffit avant tout de rester relax. Et à ce niveau-là, je crois que je n'ai pas trop de problèmes.

Koh Nang Yuan

L'instructeur sévère...
... et les deux sages élèves
Comment décrire le spectacle? Il y a une vie incroyable ici. C'est fort de voir à quel point elle est luxuriante alors qu'on n'en voit rien à la surface. Des milliers de poissons de toutes les couleurs, des anémones, du corail, des animaux plus étranges les uns que les autres, des bernard-l'ermite énormes, des murènes, des concombres de mer et beaucoup d'autres choses. Merveilleux! Et puis la sensation... Quelle sérénité! Le temps s'arrête, on pénètre dans une autre dimension. Et on est tellement léger qu'on ne sent plus son corps. Après un peu moins de quarante minutes là-dessous, on remonte. Terrible! Une fois sur le bateau, on partage nos impressions et Max et moi sommes comblés, totalement conquis. Après une attente d'une bonne heure afin d'éviter les accidents de décompression, on replonge et cette fois, c'est encore mieux, encore plus beau. Je me sens encore mieux. De retour à la surface, je sais déjà que je n'aurai pas assez des deux plongées qu'il nous reste à faire demain. J'en veux plus et je décide immédiatement d'enchaîner sur le deuxième niveau dans deux jours. Cinq plongées en plus, ça devrait arriver me rassasier. Allez!

Le retour au port se fait au coucher du soleil et c'est tout simplement fantastique. Le ciel est en feu. Tarif de la journée: trois bières de pénalité. Trois trucs que j'ai foirés avec mon équipement. Dès qu'on remet pied à terre, immédiatement après avoir rincé et rangé le matériel, la note part se payer au bar. On ne tergiverse pas.




Le jour suivant, on plonge le matin, ce qui nous fait embarquer à 7h et c'est tôt. On descend aujourd'hui à 18 m. Les sensations et le spectacle sont toujours aussi prenants et ne font que confirmer ma décision de passer mon deuxième niveau. Non seulement j'ai toujours envie de plonger et cinq plongées en plus me permettront d'asseoir mes acquis, mais j'ai aussi très envie d'essayer de filmer et photographier sous l'eau, chose qui m'était interdite jusqu'ici. Normal en étant débutant. De plus, je serai maintenant qualifié pour plonger à 30 m, ce qui limite beaucoup moins les sites qui me seront ouverts. Me voyant signer pour la suite des cours, Max craque et décide de m'accompagner. La plongée, ça vous gagne. En attendant, on reçoit notre premier brevet qui nous autorise à plonger en palanquée à 18 m de profondeur dans la majorité des sites du monde. Grosse fête en perspective. De plus, vu qu'on n'a eu aujourd'hui aucune bière de pénitence, il faut bien compenser. Mais l'air de rien, l'idée des amendes-bières est très efficaces, car ça marque et aide à ne pas reproduire l'erreur. Et puis, la bière, c'est bon.

The beer diving crew
Le lendemain, après une matinée à se remettre de nos excès de la veille, on entame les cours pour l'Advanced Open Water. Les cinq plongées qui nous attendent sur les deux prochains jours sont en fait des introductions à cinq spécialisations dont deux sont obligatoires: la plongée profonde à 30 m et la navigation. Les trois autres disciplines qu'on a choisies sont la plongée sur épave, l'identification de poissons et la plongée de nuit. Excitant, tout ça.

Au fil des plongées, tout se passe de mieux en mieux et je me félicite d'avoir voulu persévérer. C'est tellement gratifiant. Je prends aussi énormément de plaisir à jouer au photographe sous-marin. C'est très difficile car on est toujours en mouvement et le matériel que j'ai ne me permet pas de faire de la qualité, mais c'est très agréable. J'ai quand même quelques photos et vidéos bien sympathiques. La plongée de nuit, par contre, est un peu décevante car le manque d'expérience et la faiblesse des lampes-torches ne me permettent pas d'en profiter pleinement. Je suis plutôt concentré à essayer de ne pas me prendre un frontal avec un rocher ou m'empaler sur un oursin. A refaire plus tard lorsque je serai plus aguerri. En tout cas, enchaîner 9 plongées en 4 jours, c'est vachement crevant, mais me voilà maintenant habilité à plonger à 30 m. Encore une corde de plus à mon arc. Ca déchire!

29,7 m
 












Et voilà! Finalement, mes précédentes mésaventures m'auront obligé à reconsidérer mon voyage à travers la Thaïlande et ainsi permis de vivre une merveilleuse semaine de découverte d'un monde nouveau et incomparable, qui n'était initialement pas du tout prévue au programme. Tout s'arrange toujours. A présent, je quitte dès ce soir mes nouveaux potes et les îles pour rejoindre le continent et me diriger vers Bangkok. Où, quand, comment? Je ne sais pas et c'est ça qui me motive. Mais il y a des chances que j'y retrouve Max dans quelques jours. Dans tous les cas, merci Simon pour tout ce que tu m'as appris. Bonne continuation pour la suite et qui sait, peut-être à plus tard...


2 commentaires:

  1. Incroyable de beauté ces fonds marins! Belle réussite : aviateur,plongeur. Qu'est ce que tu nous réservés encore?

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  2. La simple évocation du concombre de mer me suffit à pouffer comme un con pdt toutes la lecture de l'article...

    J'ai encore actuellement un énorme sourire salace (et 5 collègues en face qui me prennent pour une débile) en rédigent ce commentaire.

    Bonne continuation !

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