dimanche 28 octobre 2012


Thaïlande - Mésaventures à Koh Samui

Après ces 5 jours de repos, je suis maintenant guéri et j'ai planifié de profiter de mon incursion imprévue dans le coin pour aller passer mon brevet de plongée sur Koh Tao, une autre île qui est réputée dans le monde pour ses sites superbes. Super, je suis emballé, chouette projet, le départ est prévu pour demain et j'ai déjà acheté mon ticket de bateau.

Mais les îles tropicales paradisiaques ont leurs pièges dangereux et pernicieux qui ne font pas de cadeaux au non-initié. Non, je ne suis pas tombé sous la coupe d'une masseuse qui me séquestre chez elle en m'ayant coincé les chevilles derrière la nuque. Non plus, je ne me suis réveillé sans souvenirs de la veille aux côtés d'un ladyboy. Non, rien de tout cela.

Juste avant la cata
Hier après-midi, je pars me baigner dans la mer. Le courant a amené des coquillages qui n'étaient pas là le matin, et le sol en est maintenant jonché. Pas évident de marcher, d'autant plus que l'eau est toute trouble. On n'y voit rien. Prudemment, mais sans réellement savoir quels sont ces obstacles douloureux que j'essaie d'éviter, je teste ma goPro en prévision du stage de plongée. En voulant me relever, je mets le pied sur un truc qui me fait mal. Réflexe, j'évite le bazar en faisant un pas de côté tout en perdant l'équilibre. C'est là que, de tout mon poids, je shoote dans quelque chose qui me fait l'effet d'une pierre. Vachement douloureux. J'inspecte en vitesse mon pied, mais je ne vois rien. Je ramasse alors à l'aveuglette un des trucs qui trainent dans le fond et je découvre un morceau de corail ou de coquillage dont un côté est aussi tranchant qu'une lame de rasoir. Ca fait vraiment peur. Je n'ai quand même pas marché là-dessus? Vu que j'ai tout de même vachement mal au pied et que ce rasoir me fout les jetons, je décide de ne plus trainer et de sortir de l'eau. Je m'assieds sur le bord pour inspecter une nouvelle fois mon pied au cas où j'aurais mal vu. Et j'avais mal vu... Car j'ai maintenant une vue plongeante sur le steak de mon gros orteil. Une entaille de 1 cm de profondeur le parcourt sur toute sa longueur. Et ça pisse le sang. C'est très laid à voir et je sais immédiatement que c'est direction l'hôpital. Je prends tout d'abord peur en voyant l'ampleur de la blessure et la profondeur de l'entaille, et l'espace d'une seconde, je veux nier l'histoire et faire semblant de rien pour fuir les ennuis et toutes les conséquences que ça aura sur mon voyage. Mais heureusement, je chasse cette idée saugrenue instiguée par la panique et reprends tout de suite mes esprits. Sans trop oser regarder à nouveau le bazar, je vais calmement mais vite rassembler mes affaires. J'ai déjà retrouvé mon sang-froid.

Je suis seul sur cette plage. Il faut que je trouve de l'aide. Tout en marquant mon chemin d'une belle trainée de sang, je sors de la plage et me dirige vers un groupe de gens en train de picoler à une terrasse et que j'avais entendus parler français plus tôt. Je leur demande de l'aide pour me conduire à l'hôpital. L'un d'eux commence à faire le mariole, genre "je sais tout et j'ai tout vécu et je suis retraité ici et je connais le coin et j'essaie de te faire peur avec mon expérience à deux balles", mais il la met très vite en veilleuse en voyant le spectacle de mon steak saignant. Je ne rigole pas. Ca leur fout même les jetons à tous. Et à moi aussi... Il ne résiste tout de même pas à me gratifier d'un bon: "Ah t'es Belge? Un vrai? Ah mais c'est pas grave. Ahahah!" Une dame thaï me fait alors un bandage de fortune, puis le mariole, qui se prénomme Xavier, me prend sur son scooter pour m'emmener à l'hosto. Sur le chemin, il me lâche: "Tu vois, la prochaine fois qu'on te dira que les Français sont des cons, tu pourras dire que non." Et là, je ne peux faire que rire. Ce type est une vraie caricature. Et il rit aussi, il est content de ses blagues. Ceci dit, il m'aide vraiment beaucoup et je lui en suis très reconnaissant. Heureusement qu'il était là. Il pousse même la gentillesse jusqu'à demander aux réceptionnistes de l'hôpital de l'appeler quand on en aura terminé avec moi afin qu'il puisse venir me rechercher. Il se retourne alors vers moi et me parle en anglais. Enfin, il essaie... Je trouve ça curieux et lui rappelle que je parle la même langue que lui. "Juste!", se souvient-il, et il enlève ses lunettes de soleil, me dévoilant ainsi pour la première fois la couleur de ses yeux: rouges et vitreux. Je me rappelle en effet qu'il picolait quand je lui ai demandé de l'aide. Il est complètement caisse.

Débarqué à l'hôpital, je suis très bien reçu et pris en charge dans la minute. Hygiène, personnel compétent et gentil, tout va bien, Xavier m'a mené à bon port. Après la piqûre d'anesthésiant, le médecin me nettoie la plaie vigoureusement puis me place cinq points de suture. Quinze minutes plus tard, mon orteil est joliment enrobé d'un pansement. Je suis soulagé, le plus important était d'être pris en charge et soigné correctement. Le médecin me dit de faire très attention car la coupure est vilainement sérieuse et sous ces latitudes tropicales, on ne rigole pas avec l'infection. Ca peut très vite prendre des proportions dramatiques si l'on n'est pas vigilant. D'ailleurs, le verdict est sans appel et fait mal. C'est le plus dur à encaisser pour moi. Je suis premièrement bombardé d'antibiotiques à raison de 4 par jour pendant une semaine. De plus, non seulement je dois garder la blessure bien sèche pendant 7 à 10 jours et éviter tout contact avec l'eau, mais je dois revenir tous les jours à l'hôpital la nettoyer et changer le pansement. Les fils me seront retirés dans une semaine. Je suis donc assigné à résidence à proximité de l’hôpital dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. Dur pour le moral.

A la sortie de l'hôpital, Xavier est là, fidèle à sa promesse. Je monte sur son scooter avec un peu de crainte car je ne sais pas ce qu'il s'est encore enfilé depuis tout à l'heure. En plus, il me raconte qu'il s'est planté à moto il y a deux mois et que tout le monde ici roule bourré. Bon, j'aimerais quand même bien éviter d'ajouter la gamelle à scooter à l'orteil charcuté. Mais tout va bien et nous arrivons sains et saufs. Je remercie Xavier en lui offrant une bière. "Mais il ne faut pas, j'ai fait ça avec plaisir.", dit-il en me prenant la bouteille des mains. Là-dessus, il téléphone à un de ses potes à qui il raconte notre aventure: "Ouais, j'ai aidé un Belge qui s'était coupé. Non, pas un Belge des blagues belges, un vrai. Bon, j'arrive chez toi, sors le pinard." Sacré Xavier! La retraite dans le coin a du bon.

Je me retrouve maintenant seul face à mes désillusions. La Thaïlande est décidément synonyme de convalescence pour moi et se refuse à ce que je la visite. J'espère que j'en verrai quand même autre chose. En attendant, mon stage de plongée à Koh Tao, dans l'os. J'avais déjà pris les contacts et réservé, mais heureusement pas payé. Je ne peux même pas utiliser le billet de bateau que j'ai déjà acheté pour y aller, car le médecin m'a fortement conseillé, même s'il y a une clinique sur Tao, de rester ici dans les environs. Il m'a plusieurs fois répété de faire très attention. Je vais donc rester ici et retourner, du moins les premiers jours, à cet hôpital où les gens sont compétents et me connaissent. Puis on verra comment ça cicatrise et évolue. L'avantage avec une coupure pareille au bistouri, c'est qu'elle est tellement nette qu'elle ne fait pas mal. De plus, j'essaie de relativiser en me disant que ça aurait pu être bien pire. A 10 cm près, c'était ma plante de pied qui se faisait trancher ainsi que tous les tendons qui passent par là.

Cet après-midi, je retourne à l'hôpital pour mon premier curetage. Je tente le coup à vélo et ça se passe bien en pédalant avec le talon. Heureusement que je n'en ai que pour 10 minutes car la pression exercée réveille tout de même la douleur. L'observation de l'infirmière est rassurante: la blessure est belle, pas d'infection. Parfait! Continuer à bien prendre les antibiotiques et venir changer le pansement.



Voilà, le moral va beaucoup mieux maintenant. La cicatrisation a l'air d'être en bonne voie et j'ai réussi à me résigner à abandonner les plans que j'avais. Je vais voir au jour le jour comment les choses évoluent et j'aviserai en temps voulu pour la suite du voyage. Plongée, vélo, on verra ce que je peux faire et quand. En attendant, je prends mon mal en patience, encore du repos forcé. Je vais en profiter pour coder, tiens!

9 commentaires:

  1. J'ai eu mal pour toi rien qu'en lisant ce récit.
    Pas de chance. Mais bon, un fort gaillard comme toi va vite s'en remettre ;-)

    Rouler en scooter bourré j'ai encore jamais essayé ça, sacré français...

    Bon rétablissement l'ami !

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    1. Merci ma biche!

      Tu pourrais m'envoyer quelques Duvel? D'après les médecins, paraît que c'est bon pour ce que j'ai. Mais ils étaient en rupture de stock.

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  2. Si ça peut aussi t'aider à te sentir mieux, je crois que j'échangerais bien une semaine de boulot contre une semaine de convalescence sur une île paradisiaque en Thaïlande !

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    1. Pourquoi échanger? Viens me rejoindre, Johnny! Y a de la bonne pils, de la bonne bouffe et des bonnes masseuses. Faut juste pas oublier tes sandales en plastique pour aller dans la flotte. Allez, je ne bouge pas, je t'attends. ;)

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  3. Salut ma poule, ben dis donc, tu n'as vraiment pas de bol avec les vacances au soleil.
    Une méduse en Turquie, Un orteil en moins ici ! Comme quoi c'est pas ton truc la mer. Même avec ton look surfer, ... la mer ne te veut pas ;-) Y a pas du rhum là où tu es ? ca soigne tout le Rhum ;-). Biz & take care.

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  4. c'est ça le problème avec les gens qui racontent bien, tu as presque réussi à me foutre une chute de tension avec ton histoire de coupure.

    Bon rétablissement et courage pour la suite ! Vu la gueule de ton infirmière sur son badge tu devrais p-ê repasser voir les petites masseuses Thaï pour un peu de réconfort !

    Mes amitiés à Xavier le bourré!
    Je l'entend déjà : "Allez le Belge, garde la frite une fois !"
    Brrrrrrrrr, j'espère que tu n'auras pas trop à le subir coincé là où tu es.



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  5. Hé ben ça rigole pas tes aventures, la prochaine fois je sens que tu iras dans l'eau avec tes bottes :p
    J'espère que tu gardes le moral et que tu prépares déjà le programme de la semaine prochaine ^^

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  6. Salut Val. Aie aie aie... tu n'as pas été pro-actif sur ce coup-là (épanouissement oui, rentabilité sans doute, mais pro-activité nulle! Pleaaaase...). Après 3 mois d'aventures sans bobo (on en parlait au drink!), il fallait que ca t'arrive. Mais comme tu dis, une fois de plus, tu as de la chance... dans ton malheur. En tout cas, on compte sur toi pour que, même dans ces moments douloureux, tu gardes le moral. Si j'étais toi, une petite séance masseuse par jour, et déconne avec les french... Tu ferais, de cette façon, au moins l'expérience du tourisme banal (picole et "gonzesses") :-) Remets-toi bien, et bon coding entretemps!

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  7. Merci pour vos messages! :)

    Ne vous en faites pas, le moral est là, j'ai le temps de philosopher.
    Et les nouvelles sont bonnes, la plaie guérit convenablement et on m'enlève les fils samedi.
    Allez, vu que le conseil est unanime, je vais retourner dire bonjour aux petites masseuses. :)
    Et je n'ai (malheureusement) pas revu Xavier...

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