mercredi 23 mai 2012


Ecosse - Direction Edimbourg


Et là, c'est le miracle. Je suis réveillé parce que j'ai trop chaud dans la tente. Je sors, et je n'en crois pas mes yeux: le ciel est tout bleu. Et il fait chaud! On a gagné au moins dix degrés. C'est donc dans l'allégresse que j'enfourche mon vélo et parcours les derniers kilomètres qui me séparent de l'Ecosse. L'entrée est symbolique et le temps est de la partie. Génial! Je suis tellement content que je ris tout seul.

Je parcourrai la distance qu'il me reste pour arriver à Edimbourg en trois jours. Trois jours sous le soleil, seul, à pédaler dans des étendues immenses, montagneuses, magnifiques, couvertes de moutons et remplies de faisans. Je n'en ai jamais vu autant! Il y en a tellement qu'on les voit même écrasés sur la route... Je trouve des petits campings complètement paumés au milieu de nulle part, dans lesquels les locaux me disent qu'on a de la chance avec cette vague de chaleur, car avant-hier, il faisait -4 °C. En mai... C'est donc sous le soleil et transpirant que j'arrive, par de petites routes agréables, dans le centre d'Edimbourg après 12 jours de voyage et 700 km à vélo, principalement à travers la montagne. Il est 15h et la ville est très calme. Mission accomplie!

Maintenant, deuxième partie du voyage, Gigo, Johnny et Rony arrivent demain en avion et me rejoignent pour 4 jours de perfectionnement de notre culture écossaise. La récompense après l'effort!

  





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Angleterre - Lake District National Park

Aujourd'hui, je dois rejoindre Liverpool. J'ai peur de devoir emprunter des axes trop fréquentés, mais finalement j'arrive à me faire un tracé principalement dans la campagne. Arrivé en ville, je prends un train qui me permettra d'en sortir et d'éviter une partie de la côte ouest urbaine très fréquentée. Le vélo en ville, c'est pas mon truc. Je descendrai du train à Kendal, aux portes du parc national du Lake District. A première vue, ça a l'air très montagneux et superbe. Parfait! Ca, c'est mon truc. Il est 20h30 et je me trouve un B&B à côté de la gare.

La journée du lendemain est difficile. Très dure. Je ressens l'accumulation de la fatigue et je n'ai pas de jus dans les jambes. Ca tombe vraiment mal, je dois traverser un massif montagneux avec des côtes à 14%. Pour couronner le tout, il bruine, ce qui rend le paysage difficile à apprécier. Dommage, ce que je peux en voir a l'air très beau. Me voilà donc réduit à faire une ascension bête et méchante, au mental, sans pouvoir profiter, avec les jambes qui brûlent. Je m'arrêterai de l'autre côté du col, où il fait 5 °C, vers 14h dans la première auberge, après seulement 30 km, mais quelle épreuve! Inutile de continuer dans ces conditions. Je suis frigorifié. Repos.

Le jour d'après sera bien meilleur. Bien que le matin soit d'assez mauvais augure, je pars. Très vite, le ciel se dégage et la température devient agréable. Un groupe de cyclistes me dépasse en m'encourageant dans une ascension. L'un deux s'attarde un peu près de moi, on fait la causette et il termine en disant que plus jamais il ne se plaindra que son vélo est lourd. Ca fait plaisir que des connaisseurs puissent apprécier ce que je fais. La journée est finalement excellente, quoique toujours froide. Je trouve un camping quelques kilomètres avant la frontière écossaise. Ca y est presque! C'est là que la propriétaire me dit que trois jours auparavant, il a neigé...


mardi 15 mai 2012


Pays de Galles

Newport - Gilwern

Vendredi 11 mai, 17h, Newport, Pays de Galles. Me voici arrivé en train au point de départ de ma traversée à vélo du sauvage Pays de Galles vers Edimbourg. Gare de Newport, un vieux gars à l'oeil vitreux et à moitié fermé, sentant la bière à plein nez, me regarde pendant que je prépare mes brols. Il s'approche et me pose plein de questions sur ce que je fais, très intéressé. On discute 10 minutes et il m'explique assez laborieusement faire, lui aussi, des voyages à vélo avec son club de cyclistes. Il scrute dans le détail mon matos et me dit être réellement émerveillé de voir un jeune faire la même chose que lui. "I'm proud of you! You made my day! You are the new generation." C'est génial! Je ne pouvais pas rêver mieux comme démarrage.



La sortie de la ville me prend une heure assez pénible à cause du trafic intense. Pas très drôle, mais j'ai la banane, je suis emballé et repense au gars. C'est gai. Je me retrouve ensuite assez vite dans la campagne et ça devient alors très tranquille et à la fois très beau. Et ça grimpe! Pratiquement sans arrêt. De courtes portions à 11% agrémentent la montée. C'est intense pour une première étape. Je me retrouverai finalement en haut d'un col à 500 m d'altitude. C'est magnifique. On surplombe toute la région. C'est désert, vert. Le vent souffle, froid. Les moutons broutent en liberté. Pas de doute, j'y suis. J'hésite à camper sur place mais l'endroit n'y est pas propice et il y a trop de vent. La descente est impressionnante. Je m'arrêterai vers 21h dans un B&B à Gilwern où je souperai des sortes de carbonnades avec des rognons, le tout arrosé d'une succulente Guinness. Les gens sont gentils et picolent ferme. Je suis bonheur.


Gilwern - Disserth

Déjeuner full English. Je me bourre la panse de gras comme il se doit. Du lard, des oeufs et des saucisses. C'est bon. Au départ, mon hôte me donne une pomme et une banane. Les gens ici sont vraiment super. La journée est magnifique. Le soleil donne mais le vent est froid. Les paysages sont sauvages et tranquilles. Je passe dans les Black Mountains et les traverse par des petites routes escarpées. Heureusement que je suis en forme, car c'est dur.
Le ciel est rempli de milans royaux et de buses qui tournent au-dessus de moi. C'est magnifique, majestueux. Vers 17h, je décide de m'arrêter dans un camping alors que je pourrais encore continuer, mais ce n'est que le début et je préfère m'économiser. Et j'ai bien fait! Le camping est plein de vieux motards aux vieilles bécanes faites par eux-mêmes, qui se réunissent pour le week-end. Alors que je m'étire, un couple s'approche et s’intéresse à ce que je fais. La femme a traversé tout le pays à vélo il y a quelques années. Ils me laissent planter ma tente, puis le gars revient: "Do you want a beer?" Ca y est, c'est parti. Ces gens sont super. Et il n'y a pas que ses motos qu'il fait lui-même. Il me donne un stout fait maison. Délicieux, presque de la Guinness. Plus tard, alors que je suis couché dans ma tente, un autre gars vient me déposer une bière. Une ou deux petites questions et il me laisse, désireux de ne pas me déranger. Il voulait juste m'offrir une bière. L'accueil ici est incomparable, je le dirai encore beaucoup, je pense. Merci! Allez, je m'en vais décapsuler cette bière et préparer ma popote.

Disserth - Corris

Journée très dure. J'ai en effet décidé de couper par les petites routes de montagne. C'est très beau, mais quelle épreuve. J'enchaîne les montées et descentes de 12 à 16%.
Avec mes 25 kg de bagages, je le sens passer. Et pour couronner le tout, un vent de tempête se lève de face juste pendant ma dernière ascension. C'est affreux. Je n'avance plus. Et ça dure. Quand enfin arrive la descente, ça devient dangereux tellement le vent fait bouger mon guidon. Je reste crispé sur les freins et le guidon jusqu'en-bas. Dans le bled du bas, je croise un cycliste allemand qui est parti depuis un an autour de l'Europe. Il a 14000 km au compteur. Super! On se raconte nos histoires, puis on va voir ensemble dans un B&B, histoire de partager une chambre. Mais là, revirement de situation, le gars pète un petit scandale car la chambre est trop chère pour ce que c'est. "It's a shame!" Et blablabla. Je suis gêné. OK mon vieux, on ne sera pas potes. J'enfourche mon vélo et me barre sans un mot de mon côté. Je ne suis pas ici pour me farcir des emmerdeurs. Il m'avait dès le début fait une impression bizarre en racontant ses histoires. Il n'arrêtait pas de se plaindre et de critiquer les pays dans lesquels il était passé... Bon, avec tout ça, je n'ai toujours pas d'endroit pour dormir, moi, et le soleil va se coucher. Je tombe finalement au coucher du soleil sur un camping résidentiel pratiquement vide. Je n'ai rien à faire là, mais je m'incruste derrière des arbres et le tour est joué. Pas le choix. Au total, j'ai roulé 6h40, 88 km et grimpé 1475 m cumulés. Joli! Sans compter le vent de tempête. La nuit est difficile car je me sens collant. Une petite douche après une journée de vélo, c'est pas du luxe.





 Corris - Penrhyndeudraeth

Il a plu toute la nuit et il fait caillant. Le vent souffle et le soleil joue à cache-cache derrière les nuages. Le début de l'étape est de la grimpette. Pas plus mal, ça réchauffe. J'entre dans le parc national de Snowdonia et j’atteins le bord de mer. C'est chouette, ça change de paysage. Mais je suis fatigué d'hier et j'ai froid. Je continue jusque Barmouth où je m'installe sur un banc, face à la mer. Le soleil se montre, me réchauffe, et illico, je pique du nez pendant presque une heure. Après cette sieste improvisée, je me sens beaucoup mieux et remonte sur ma bécane en baillant. Cette fois, j'ai le vent dans le dos. Enfin! Avec la route relativement plate, je peux ainsi avancer à bonne allure.
Je trouverai un chouette camping au pied des montagnes deux heures plus tard dans un bled dont je ne me risquerai pas à prononcer le nom, Penrhyndeudraeth. Demain, ascension du point culminant du Pays de Galles au programme, le Snowdon. Ca va chier. En attendant, je passe plus d'une demi-heure à me réchauffer sous la douche, puis popote et dodo, bercé par le hululement des hiboux.




Repos

Finalement, la météo décidera pour moi et je resterai la journée au camping. En effet, les averses se succèdent, glaciales. J'ai cru plusieurs fois pouvoir partir, mais à chaque fois arrivait un énorme nuage et c'était la douche. Hors de question de partir dans ces conditions. Il n'y a rien de pire que de pédaler mouillé, et froid en plus. Finalement, ce jour de repos tombe à pic car, même si je n'en ressentais pas encore le besoin, j'ai tout de même fait 290 km en 4 jours. Ca ne peut que me faire du bien. J'en profite pour lire et juste être là. Je suis bien. Il est maintenant 18h30 et il fait tout bleu. Pourvu que ça tienne jusque demain!

Snowdon



C'est parti pour l'ascension du Snowdon! La journée est belle. Il fait toujours froid, mais le soleil est pas mal présent. J'espère ne pas me ramasser des averses comme hier. La nature est splendide et la route sinue dans la végétation sauvage. On aperçoit le sommet enneigé du Snowdon. Petit à petit, la route s'élève et la montagne prend place. Enfin une ascension normale, sans pente à 15%. J'ai la pêche et je trace. Arrivé au sommet, on domine tous les environs. C'est magnifique!
Plus tard, en fin de journée, j'aurai une autre ascension qui se révélera plus difficile. En effet, je suis fatigué et il fait très froid. La route étant complètement déserte, j'en profite pour me mettre la musique sur les oreilles, et deux heures après, j'arrive en vue d'un camping. Il est 20h et je suis bien crevé, mais très content de ma journée, d'autant plus que je ne me suis pas ramassé de douche. Et en parlant de douche, j'en ai besoin d'une bien chaude, car je caille.