Nous voilà partis de Valladolid pour Mérida. Le transport en car est
vraiment très facile ici et de plus très confortable. Le seul
désagrément est l'air conditionné souvent poussé à bloc. Il faut alors
soigneusement choisir son siège afin de pouvoir se faire réchauffer par
le soleil à travers la vitre. Une belle absurdité.
Arrivée à
Mérida, la grosse ville du Yucatán. A première vue, il n'y a pas
grand-chose d'intéressant à voir ici mais la place centrale est mignonne
et assez calme et l'absence de hauts édifices, si ce n'est la superbe
cathédrale, nous donne le sentiment de toujours être dans un village. Il
y a pas mal de choses à faire alentour, cette ville sera donc mon
nouveau quartier général pour les prochains jours.
Pour
commencer, visite du site de Uxmal, deuxième plus fréquenté après
Chichén Itzá. J'y pars seul, laissant Patxi avec deux de ses amis qu'il a
retrouvés en ville. Je me lève de bonne heure afin de profiter du site
dès l'ouverture et me dirige vers le terminal des bus. Toujours endormi,
j'achète mon ticket et la dame me précise que le départ se fait d'un
autre terminal situé à une petite demi-heure de marche. Tout va bien,
j'ai le temps. Et c'est là que je
bugge. Mon cerveau a décidé d'aller
faire un tour sur la Lune. Il est 8h et je lis 9h05 sur le ticket. J'en
déduis donc tout naturellement que 9h05 est l'heure d'émission du billet
et que le départ est à 9h30. Pourquoi? Comment? C'est ça, la magie de
la distraction. On peut tout dans ces moments-là. J'arrive donc au
terminal bien tranquillement, persuadé d'avoir une heure et demie devant
moi. Je flâne pour faire passer le temps tout en consultant mon billet
une nouvelle fois. J'en arrive tout de même à me demander pourquoi la
dame a inscrit 9h05 pour l'heure d'émission alors qu'il était 8h. Et là,
c'est l'illumination. Aurais-je tout compris de travers? Je regarde
l'heure, il est 9h09. Je cours présenter mon ticket au contrôle où on me
dit bien entendu que le bus vient tout juste de partir. Je m'en veux,
me sens nul, et n'ai plus qu'à me résigner à attendre le prochain à
10h40. Du coup, le plan d'arriver sur le site dans les premiers tombe à l'eau. Mais quel gland!
Uxmal
Finalement, après deux heures de
route, j'arrive sur le site d'Uxmal. Grâce à ma sagacité matinale, il est maintenant midi et demie
et je m'attends à pénétrer dans la cité en compagnie de nuées de
visiteurs. Eh bien non. C'est l'heure où tout le monde déserte les lieux
à cause de la chaleur. Je suis en effet en plein cagnard et me fais
l'effet d'être sur une rôtissoire. Je suis donc pratiquement seul, il y a
encore moins de monde qu'à Chichén Itzá. Décidément, mon cerveau m'a
peut-être lâché ce matin, mais pas ma chance. Et heureusement que j'ai
pensé à emporter ma crème solaire car après m'en être enduit pas moins
de trois fois en deux heures de visite, je ressors de là à point comme
un homard.
Dès l'entrée dans la cité, la grande
pyramide se dresse devant moi. Elle est splendide avec sa base ovale. De
plus, l'ascension au sommet d'une autre pyramide permet d'embrasser
toute la cité du regard. Magnifique! Le site est l'endroit rêvé pour les iguanes qui se comptent par centaines.
Le lendemain, en compagnie de Patxi et ses deux amis, Andoni et Aurélie, nous partons faire un tour de cénotes en calèche sur rails tirée par un cheval. Très sympa. Baignade en grotte dans des eaux cristallines au programme.
Le jour suivant, je décide de partir seul en excursion à Celestún afin de faire un tour en bateau dans la réserve naturelle où on peut observer des colonies de flamants roses. Je débarque là-bas en espérant trouver des compagnons avec qui partager un bateau. Les couleurs de la plage sont irréelles: bleu, émeraude et blanc.
C'est là que j'entends quelqu'un m'appeler. Je me retourne et tombe nez à nez avec une Française rencontrée à l'auberge de Valladolid. Elle est là avec sa sœur jumelle et elles se préparent à faire le même tour que moi, même bateau, même horaire. Les coïncidences, quand même. Mélanie et Adeline, pour les nommer, embarquent donc avec moi et on part pour une ballade de deux heures au milieu des flamants roses, des pélicans, des cormorans et autres oiseaux. Le pied!
On continue notre petit tour en traversant une mangrove où on découvre un crocodile en train de faire la sieste. Il est tellement immobile qu'on en vient à penser que c'est un faux mis là pour l'agrément des touristes. Notre scepticisme fait bien rire notre guide qui du coup nous donne encore plus l'impression qu'il se fout de nous. Mais non, force est de constater que c'est un vrai de vrai.
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Termitière de 1 m de haut |
De retour sur la plage, les deux sœurs, qui louent une voiture pour pouvoir faire à leur aise le tour du Yucatán en deux semaines, me proposent gentiment de me reconduire jusque Mérida, où elles rentrent également. Sur le chemin, elles me font part de leur plan bien établi pour les prochains jours. Elles comptent aller visiter Calakmul, une grande cité découverte il y a à peine 20 ans, complètement ensevelie dans la jungle, à l'écart de tout et inaccessible par des transports en commun. N'étant pas aussi libre de mouvement qu'avec mon vélo, j'avais été forcé de tirer un trait dessus à mon grand regret.
"Tu n'as qu'à venir avec nous, on a de la place dans la voiture!", me disent-elles. Génial! Je n'hésite pas une seule seconde et accepte. Eh bien voilà, je sais maintenant par où et avec qui je vais continuer ma route. Le rendez-vous est fixé au lendemain à Campeche, une ville à 2h30 de route d'ici. D'ici là, elles vont visiter Uxmal, que j'ai déjà fait, et j'en profite pour aller me balader à Izamal, le "village jaune". Le village a même sa petite pyramide non restaurée et totalement déserte. Très sympa.
Après cela, je prends le bus pour Campeche afin de retrouver Adeline et Mélanie. Je dis au revoir à Patxi avec qui j'aurai finalement passé une semaine et embarque avec mes deux nouvelles charmantes compagnes de voyage. Jusque maintenant, je n'ai pas encore passé une seule journée seul. C'est top!
Direction Calakmul et son parc national en pleine jungle. Nous nous arrêtons pour la nuit dans un camping sans électricité ni eau courante et qui loue des tentes. A part deux motards, français aussi (décidément il y en a un paquet ici), nous sommes seuls avec, comme compagnons de nuit, le chant des criquets, le cri des singes, quelques bruits non identifiables un peu flippants comme des trucs qui bougent et marchent dans les feuilles et un abruti de coq qui se met à chanter à 4h30. C'est fou, le boucan que la jungle peut faire. On se sent au calme et en même temps, c'est bruyant.
Calakmul
Le lendemain, il fait toujours très chaud et on se met en route vers le site sur 50 km de route cabossée qui s'enfonce encore plus loin dans la jungle. Encore une fois, il y a très peu de visiteurs, ce qui est plutôt normal ici vu l'emplacement. La cité est énorme, tout comme les pyramides. De plus, c'est assez différent de ce que j'ai déjà vu car ici la jungle est restée maître.
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Mélanie et Adeline. Y a quand même pire, comme situation... |
A présent, nous reprenons la route vers la côte caraïbe pour un changement de décor.